Bruxelles, 04/02/2004
Message de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) aux ministres des Finances du G7
«Cette semaine, la Banque Centrale Européenne (BCE) et les ministres des Finances européens auront deux occasions de contribuer à soutenir la reprise de l'économie européenne», a déclaré John Monks, Secrétaire Général de la CES. Le 5 février, le Conseil des Gouverneurs de la BCE a l'opportunité de réduire les taux d'intérêts et les 6 et 7 février, les ministres des Finances du G7 pourraient prendre des mesures pour neutraliser l'extrême volatilité du taux de change entre le dollar et l'Euro. «Il faut saisir ces deux occasions pour mettre la reprise tant attendue à l'abri des turbulences des marchés internationaux de change».
Un rapport de l'ISE (1) montre que la forte évaluation de l'Euro est alarmante. Un Euro sur-évalué réduit la croissance en Europe et les réductions des taux d'intérêts auxquels la BCE a jusqu'ici procédé ne vont pas assez loin pour le compenser et faire en sorte que l'Europe soit son propre moteur de reprise.
L'échec de la reprise en 2003 est directement lié à ces perturbations sur les marchés des changes, qui ont induit jusqu'à près de 1 point en pourcentage de pertes de croissance pour cette seule année. Pour l'année 2004, le rapport de l'ISE avertit que l'évaluation supplémentaire qui a eu lieu en décembre de l'année dernière va faire descendre le taux de croissance de 1,8% au niveau déplorable de 1,3%.
En éliminant la possibilité d'attaques monétaires spéculatives et en créant une grande zone à monnaie unique, l'Euro nous a rendus “maîtres de notre propre destinée économique”. La CES donc demande aux décideurs politiques européens de prendre les choses en mains et d'utiliser le régime de la monnaie unique pour faire face aux pressions des marchés financiers internationaux:
· En rapprochant l'écart des taux d'intérêts entre les États-Unis (actuellement de 1%) et la zone Euro (toujours à 2%), on permettrait à la demande intérieure de reprendre le relais de la demande extérieure. Cela réduirait aussi le risque d'un nouveau renforcement de l'Euro en décourageant les flux de capitaux spéculatifs vers l'intérieur de la zone Euro.
· Si la réunion des ministres des Finances du G7 ne donne pas un signal fort et convaincant aux marchés financiers sur la volatilité extrême des marchés des changes, la BCE, la Commission et les ministres des Finances de l'UE devront préparer des interventions directes sur le marché des changes afin d'acheter des devises étrangères en vue de stabiliser le taux de change de l'Euro. Avec la BCE, qui est celle qui “imprime” les Euros, il ne devrait pas y avoir de contraintes techniques à le faire et à constituer des réserves de monnaies étrangères.
· La BCE et l'Euro-système des banques centrales nationales doivent arrêter leur politique de vente de réserves de devises étrangères, ajoutant encore à la pression vers le haut exercée sur l'Euro. Sur toute l'année 2003, presque un cinquième (!), soit 40 milliards d'Euros, de la réserve totale de devises étrangères de la zone Euro a ainsi été déversé sur les marchés des changes.
(1) Institut Syndical Européen: ‘The strong euro : a threat to the recovery of the euro area ?