La CES demande que l'Agenda de Lisbonne investisse dans l'Europe sociale, dans une réelle relance économique et dans le partenariat social

Bruxelles, 12/12/2004

La CES demande instamment aux preneurs des décisions en charge de l'Agenda de Lisbonne de ne pas réduire ce processus au seul pilier de la compétitivité et de la réforme structurelle, mais de respecter les trois piliers de Lisbonne.«La révision à venir offre une opportunité stratégique aux décideurs politiques de mettre en exergue la nécessité d'une approche totalement nouvelle à la réforme structurelle. La réforme structurelle ne devrait pas effrayer les travailleurs en dérégulant et en démantelant l'Etat Providence. Elle ne devrait pas non plus servir de bouc émissaire, ce qui pourrait avoir comme conséquence l'oubli pur et simple d'assurer la relance économique», déclare John Monks, Secrétaire Général de la CES.

Au cours des prochaines semaines, la Commission européenne va préparer son rapport sur la révision à moyen terme du processus de Lisbonne. Ce rapport servira de base à une discussion lors du Sommet européen de Printemps. Dans une résolution adoptée par son Comité exécutif le 3 décembre 2004, la CES conseille vivement à la Commission de prendre en considération les demandes-clé suivantes :

Investir dans l'Europe sociale. En aidant les travailleurs à gérer les changements structuraux, l'Europe sociale représente une force pour la productivité et se trouve au cœur de l'avantage compétitif de l'Europe. L'Europe doit investir massivement dans l'orientation, la formation et l'accompagnement des chômeurs, dans l'accès à la formation tout au long de la vie pour tous les travailleurs, dans des politiques visant à combattre la discrimination et à améliorer la participation sur le lieu de travail et dans des formes additionnelles de sécurité pour les travailleurs.

Proposition de la CES : Un plan d'investissement européen dans l'infrastructure européenne offrant un soutien aux travailleurs confrontés aux défis de la mondialisation et des délocalisations devrait être initié.

Briser le tabou de la relance économique par la stimulation de la demande interne de l'économie. La forte baisse de croissance enregistrée depuis 2001 n'est pas causée par le manque supposé de réforme structurelle mais par l'absence de soutien à la demande intérieure européenne. L'Europe ne peut plus continuer à se focaliser exclusivement sur la stabilité et à laisser le travail relatif à la promotion de la croissance et de la demande aux décideurs politiques du reste du monde. Ceci implique que tant la Banque centrale européenne que le Pacte de Stabilité et de Croissance devraient accorder une attention accrue à la nécessité de soutenir la croissance et la demande dans une situation économique en baisse.

Proposition de la CES. «L'Initiative Croissance», approuvée à la fin de l'année 2003, devrait être renforcée en invitant les Etats membres à présenter des «plans nationaux de relance» qui augmentent d'1% du PIB les investissements publics dans l'éducation, la recherche, les logements sociaux et les ressources énergétiques durables.

Mettre l'argent là où Lisbonne en a besoin. L'Europe ne peut se permettre le luxe d'attendre encore quelques autres années avant d'investir massivement dans l'innovation, la recherche et le développement. Cette impasse doit être surmontée en réformant le Pacte de Stabilité de sorte à ce que les investissements placés au centre des priorités de Lisbonne ne soient plus comptabilisés dans le déficit public, du moins au cours des quelques prochaines années. De fait, la croissance qui résultera de cet effort d'investissement représentera la base permettant de faire baisser et d'éliminer les déficits gouvernementaux.

Mettre la Stratégie de Lisbonne en application. «Lisbonniser le Pacte de Stabilité». La CES accueille favorablement la recommandation du Groupe d'experts de haut niveau, qui consiste à faire du programme de Lisbonne une composante du programme de travail commun des Partenaires Sociaux européens. Parallèlement, la CES espère un «partenariat pour le changement» qui représentera un réel changement et non pas comme d'habitude, une affaire de business. S'il existe une véritable volonté de renforcer la dimension sociale européenne en tant que composante du processus de Lisbonne et de réformer le cadre en matière de politique macro-économique, la CES se dit prête à explorer, dans le contexte du programme de travail commun des Partenaires Sociaux européens, la possibilité d'un «accord-cadre européen pour l'innovation, le changement social et des emplois meilleurs et plus nombreux».

Finalement, la CES conseille vivement aux décideurs politiques de résister à la tentation d'opter pour une solution économique rapide. Aboutir à la compétitivité et l'emploi sur base du dumping social ne fera qu'affaiblir la base productive et la capacité innovatrice de l'économie à moyen et à long terme. La société d'apprentissage de Lisbonne ne sera pas atteinte sur base de la pauvreté, de l'insécurité et d'une injustice aiguë. Les politiques pressant les travailleurs à prester de plus longues heures auront comme conséquence une main d'œuvre inefficace, les réductions salariales saperont la demande intérieure et libéraliser le marché des services tout en ignorant les risques de dumping social est inacceptable.

Note à la presse :
- la résolution de la CES sur la révision à moyen terme de Lisbonne

- la recherche de fond (uniquement en anglais)