Bruxelles, 25/01/2006
Une évaluation préliminaire de la Confédération européenne des syndicats révèle les principales lacunes des plans de réforme nationaux:
• La consultation des syndicats a été superficielle parce que le temps imparti a été trop court et le processus est conduit par des départements qui n'ont pas une bonne connaissance du dialogue social.
• La stratégie pour l'emploi précédente a été édulcorée. Des objectifs précis, concernant des politiques actives mais positives en matière de marché de l'emploi, ne sont pas abordés de manière globale par les plans de réforme nationaux (à titre d'exemple, l'objectif d'aider les gens avant qu'ils ne soient au chômage depuis un an).
- Par contre, on constate une tendance à mettre l'accent sur une plus grande flexibilité du marché de l'emploi sans prêter attention à la sécurité de la main-d'œuvre. Les politiques visant à faire face aux situations de flexibilité excessive et d'insécurité des travailleurs font le plus souvent défaut.
- La non prise en compte de la dimension sociale. Seuls quelques plans de réforme nationaux identifient les objectifs de cohésion sociale comme une préoccupation essentielle.
- Les politiques macroéconomiques ne tiennent pas compte de la nécessité de "dynamiser" l'économie en se fondant sur une forte relance.
- Les objectifs en matière d'intensification de l'innovation et de la recherches et du développement sont bien intentionnés mais on ne sait pas précisément comment ils seront financés.
Ces faiblesses sont dues au fait que la Commission considère que son rôle se limite à encourager une pression concurrentielle de plus en plus intense sans donner à l'Europe un cadre qui prévient la concurrence sauvage. Par conséquent, la notion européenne initiale de coopération entre les États membres est remplacée par la compétition entre États membres sur toutes sortes de sujets (dumping social, dumping fiscal, modération salariale compétitive, flexibilité concurrentielle).
John Monks, secrétaire général de la CES, déclare: “La Commission doit comprendre qu'une concurrence excessive, au détriment des conditions de travail, se traduit par une baisse de la productivité et de l'innovation et non l'inverse. Des travailleurs qui se sentent menacés ou même exploités sont moins enclins à investir dans la productivité et résistent au changement”.
Pour que le processus de Lisbonne fonctionne, et pour faire face au sentiment, trop répandu parmi les travailleurs, que l'Europe est devenue une menace pour leur niveau de vie et leurs conditions de travail, la Commission doit prendre des initiatives en concevant des politiques européennes qui accordent une place centrale aux droits des travailleurs, à la politique sociale et à l'Europe sociale. Dans les semaines à venir, la CES formulera d'autres propositions en la matière.