La CES souhaite une Europe équitable et non pas un Pacte de compétitivité basé sur le "nivellement vers le bas"

Bruxelles, 11/03/2011

Le « Pacte de compétitivité » concerne fondamentalement l’exportation à l’ensemble de la zone euro du modèle de modération salariale suivi par le noyau dur de la zone euro cette dernière décennie. Ce Pacte, avec sa comparaison stricte des coûts unitaires de la main-d’œuvre, forcera les Etats membres à entrer dans une spirale compétitive vers les bas en matière de salaires et de conditions de travail. Ceci risque d’enfoncer encore davantage l’économie dans la déflation et la dépression. Pendant ce temps, les bénéfices, les bonus et les dividendes explosent, notamment pour nombre de ceux dont les actions ont été à l’origine de la crise.
La CES s’oppose fermement à cette approche de la compétitivité européenne. En revanche, l’Europe a besoin d’un pacte pour plus d’équité et d’égalité, incluant :

• la mobilisation de nouvelles sources de financement en introduisant une taxe sur les transactions financières, comme l’a proposé le Parlement européen, en s’attaquant aux paradis fiscaux et à la concurrence fiscale sur le marché intérieur ;
• des Eurobonds pour montrer aux marchés financiers que l’Europe est déterminée à faire bloc pour traverser les crises ;• un vaste programme d’investissements s’élevant à 1% du PIB européen afin de s’attaquer au chômage, en particulier au chômage des jeunes, pour améliorer les structures industrielles et les infrastructures et offrir aux pays en difficultés la possibilité de relancer leur économie en vue de sortir de l’endettement ;
• la réduction significative des secteurs des bas salaires de l’économie en fixant des seuils de salaires minima en dessous desquels les salaires ne pourront pas descendre, tout en incitant les institutions à étendre la couverture des négociations collectives ;

• la réglementation effective des marchés financiers.

John Monks, Secrétaire général de la CES, a déclaré : « Les règles de la monnaie unique ont été sérieusement menacées notamment par une stratégie décennale de stagnation salaires et par davantage de précarité de l’emploi. Pour rééquilibrer la zone euro, cette stratégie doit maintenant être réétudiée en introduisant des seuils de salaires minima, en respectant le principe « à travail égal, salaire égal », et en s’attaquant aux problèmes engendrés par l’effondrement des marchés financiers par de nouvelles initiatives sur ces marchés, et non sur les marchés du travail ». « S’attaquer aux négociations collectives ne mènera à rien pour l’Europe. Il est illusoire de penser que la monnaie unique peut être sauvée en répétant le même type de politiques que celles qui ont contribué à mettre la zone euro dans le pétrin. Le « Pacte de compétitivité » qui est proposé creusera les inégalités et déséquilibrera encore plus la zone euro » a-t-il ajouté.

- Résolution de la CES : http://www.etuc.org/a/8448 (Version française à suivre)