Congrès Travail Suisse

Bern, 10/09/2011

Président, camarades, collègues, chers amis,
Je vous remercie de m’avoir invitée à m’adresser à vous aujourd’hui.
J’ai été récemment élue comme secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats et il est important pour moi et pour toute la nouvelle équipe de prendre contact avec chacun de nos membres et de resserrer les liens entre chaque confédération et la CES.

Nous ne pouvons bien travailler que si nous avons une communication régulière et fluide. Pour cela il faut d’abord nous connaître.
En tant que membres de la Confédérations européenne des syndicats, Travail-Suisse est partie prenante, est un acteur du positionnement du mouvement syndical européen.

Certes la suisse n’est pas dans l’Union européenne….mais la Suisse n’est pas une île ; c’est un pays ouvert et ce qui se passe à vos frontières n’est pas sans influencer les évolutions dans votre pays.
Depuis 2008 l’Europe est confrontée à une crise sans précédent.
Il faut fermement rappeler que cette crise est, d’abord une crise du capitalisme casino, une crise de la spéculation financière.

La dérégulation financière a sévi dans les années 80. Cette dérégulation financière devait permettre ce qu’on appelait l’innovation financière, la création de « nouveau produits » financiers. Ce sont ces nouveaux produits financiers qui ont accéléré la spéculation et rendu ce secteur un peu fou…

Fou en ce que ces produits financiers ont, petit à petit, crée un monde financier à part. Un monde qui crée de l’argent pour lui-même, ou pour les bonus indécents d’une poignée de chefs d’entreprises, ou de traders.

Fou en ce que ces produits financiers ont, petit à petit, crée un monde financier à part. Un monde qui crée de l’argent pour lui-même, ou pour les bonus indécents d’une poignée de chefs d’entreprises, ou de traders.

Cette spirale de dérégulation a séparé deux mondes : celui de l’économie réelle et celui de la finance…Or l’économie réelle, c’est l’emploi, c’est le revenu, c’est la qualité de vie des hommes et des femmes que nous représentons.

Nous ne cesserons pas de rappeler les fondamentaux : la fonction des banques, la fonction du secteur financier c’est de permettre à l’économie de fonctionner.
Il nous faut absolument revenir à cette donnée fondamentale, arrêter la spéculation, rendre le secteur financier transparent, stopper les produits financiers incontrôlables…

La Confédération européenne des syndicats est très active, au niveau européen, pour que les mesures soient prises. Mais les lobbys financiers sont extrêmement forts, et la volonté politique forte en 2008, est beaucoup moins ferme aujourd’hui.
Bref, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge, et ni la transparence, ni le contrôle de la spéculation ne sont assurés.
La Suisse est un pays qui a un secteur financier très important ; votre soutien sur ces questions est capital.

La crise financière déclenchée en 2008 à la chute de Lehman Brothers s’est maintenant transformée en une crise de la dette. Nous sommes au milieu d’une tempête et d’attaques sur l’Euro, qui, si une solution n’est pas proposée, pourrait dégénérer, nous plonger dans la récession, dans un chômage aggravé, dans une dramatique spirale vers le bas de la protection sociale, des services publics, des droits sociaux et syndicaux.

La crise financière déclenchée en 2008 à la chute de Lehman Brothers s’est maintenant transformée en une crise de la dette. Nous sommes au milieu d’une tempête et d’attaques sur l’Euro, qui, si une solution n’est pas proposée, pourrait dégénérer, nous plonger dans la récession, dans un chômage aggravé, dans une dramatique spirale vers le bas de la protection sociale, des services publics, des droits sociaux et syndicaux.

La Confédération européenne des syndicats a, depuis le début de la crise, pris une position progressiste : vers plus de solidarité européenne, pour une vraie sortie de crise, pour une politique favorable à l’emploi et contre le démantèlement de la protection sociale.
Nous pensons que, pour sortir de cette crise, il nous faut une vision à long terme et pas des solutions au jour le jour.
Les mesures d’austérité qui sont imposées, aux pays en difficulté – dits « pays périphériques » - comme d’ailleurs à beaucoup d’autres pays, ne permettront pas la relance de la croissance nécessaire pour retrouver le plein emploi.

Le taux de chômage a atteint des niveaux record. En Espagne plus de 45% de jeunes de moins de 25 ans sont sans emploi ; pratiquement autant en Grèce ; la moyenne européenne se situe entre 20 et 25% de chômage des jeunes. Comment pourrait-on assurer la cohésion sociale dans de telles conditions ?

Pour revenir à un équilibre budgétaire, mettre fin à la crise de la dette, il faut du temps ; il faut des investissements ; il faut de la solidarité.
Il faut du temps : On ne peut pas, avec un programme d’austérité sur deux ou trois ans, réduire des déficits budgétaires de 5 ou 6 points, voire plus. D’une part parce que les mesures sociales prises ne peuvent pas être acceptées par les populations, d’autre part parce que l’austérité engendre une diminution des revenus de l’état…
Il faut des investissements et des investissements durables. La CES réclame un programme d’investissements, s’élevant à 1% du PIB européen, pour s’attaquer au chômage.

Pour financer ces investissements et arrêter la spéculation sur les pays en difficulté, la CES demande une mutualisation de la dette, les Euro-obligations ou Eurobonds. Ceci permettrait de financer des investissements et serait moins dommageable pour l’emploi des travailleurs et travailleuses qu’une faillite de la Grèce, par exemple, ou que la fin de la monnaie européenne.

L’opposition de la CES aux politiques menées actuellement tient au fait que la gouvernance économique qui est mise en place se concentre sur les salaires et les coupes dans les systèmes sociaux. Or les salaires ne sont pas l’ennemi de l’économie mais son moteur, et nos systèmes sociaux ont fonctionné, pendant la crise, comme des amortisseurs sociaux. Ils ont bien fonctionné en Suisse. Les attaquer, ou les détruire, ne peut pas être la solution.
La CES demande que l’on se préoccupe des revenus des états et qu’on ne se braque pas sur les dépenses. C’est pour cela que nous sommes pour une taxation sur les transactions financières, pour la fin des paradis fiscaux, contre l’évasion et la fraude fiscale et pour un système de taxation juste. Nous sommes aussi pour une fiscalité minimale pour les entreprises en Europe.

Nous avons passé ces messages très fortement, dans des euro-manifestations –la prochaine se déroulera à Wroclaw, le 17 septembre-, mais aussi au niveau des gouvernements et des parlementaires nationaux et européens.
Nous pouvons, je le crois vraiment, tirer du crédit du fait que de plus en plus de responsables politiques ont conscience du fait que l’austérité, à elle seule, ne permettra pas de sortir de l’ornière, ne rassurera pas les marchés, et que, sans une action pour la croissance, nous allons vers une deuxième récession.

Nous avons passé ces messages très fortement, dans des euro-manifestations –la prochaine se déroulera à Wroclaw, le 17 septembre-, mais aussi au niveau des gouvernements et des parlementaires nationaux et européens.
Nous pouvons, je le crois vraiment, tirer du crédit du fait que de plus en plus de responsables politiques ont conscience du fait que l’austérité, à elle seule, ne permettra pas de sortir de l’ornière, ne rassurera pas les marchés, et que, sans une action pour la croissance, nous allons vers une deuxième récession.

Nous pouvons aussi légitimement nous féliciter que l’idée d’une taxe sur les transactions financière ait fait suffisamment de chemin pour pouvoir être sérieusement présentée et discutée au niveau européen.
Certes, le chemin est encore très long entre ce que nous demandons et ce qui nous est proposé, mais nous avons progressé, au moins sur ces deux éléments.
Le congrès de la CES a Athènes a décidé de s’embarquer dans une campagne pour donner encore plus de visibilité et de force aux revendications syndicales.

L’objectif de cette campagne, et son ou ses thèmes seront déterminés prochainement, mais il est certain que nous nous élèverons contre les inégalités qui s’amplifient dans nos pays : inégalités entre riches et pauvres, mais aussi inégalités entre travailleurs dans un même lieu de travail.
Les décisions qu’a prises la cour de justice européenne il y a quelques années ont ouvert la voie à une dérive inacceptable : Nous ne pouvons pas accepter que des travailleurs ou des travailleuses, sur un même lieu de travail, ne puissent pas bénéficier des mêmes conditions, particulièrement des conditions fixées par la négociation collective.

Il faut bannir la pratique de payer les migrants en-deçà du salaire égal pour un travail de valeur égale. Pour nous les travailleurs migrants sont des travailleurs comme les autres et doivent bénéficier des mêmes conditions que les travailleurs nationaux.
La Suisse est un pays où les migrants sont en nombre et sont importants pour l’économie. Je pense que vous vous rejoindrez très fortement dans nos revendications dans ce domaine.
Dans ce contexte, caractérisé par une intégration économique accrue et par une pression à la baisse des salaires et des conditions de travail, il est de plus en plus crucial de renforcer le syndicalisme européen.

Le cadre des négociations nationales est -et sera encore plus à l’avenir- déterminé par un cadre économique européen assez rigide.
La variable d’ajustement risque bien d’être les salaires et les coûts sociaux.

Nous ne voulons pas d’une concurrence sociale vers le bas ; c’est pourquoi nous devons avoir des objectifs et des revendications communes.

Les membres de la CES, dans les prochains mois, concrétiseront la manière par laquelle ils entendent barrer la route à une concurrence sociale vers le bas et au démantèlement du modèle social européen.

Je compte sur la participation active et sur l’engagement concret de chaque membre de la Confédération européenne des syndicats ; dans la zone Euro, et hors de la zone Euro. La CES est une.
Je vous appelle donc à contribuer à nos décisions dans les prochains mois, et à leur mise en œuvre.
Je remercie Travail-Suisse, votre Président, Martin Flügel et votre secrétaire international Denis Torche pour leur soutien.
Je vous souhaite un excellent congrès et beaucoup de courage pour l’avenir