Les ministres de l'emploi qui se réunissent aujourd'hui pour discuter de la manière de résoudre les pénuries de main-d'œuvre en Europe ne peuvent continuer à ignorer le rôle central joué par les bas salaires dans ce problème.
Les pénuries de main-d'œuvre figurent en bonne place à l'ordre du jour de la réunion des ministres de l'emploi et de la politique sociale (EPSCO) du Conseil de l'UE, qui se tient à Bruxelles.
La crise est souvent attribuée par les employeurs à un manque de compétences, mais selon une étude de l'Institut syndical européen, les secteurs les plus touchés par la crise sont ceux de l'industrie, de l'agriculture et de la construction :
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Dans l'ensemble de l'UE, les secteurs qui ont le plus de mal à recruter des travailleurs versent des salaires inférieurs de 9 % en moyenne à ceux des secteurs les moins touchés par la pénurie de main-d'œuvre.
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Dans 13 des 22 États membres de l'UE pour lesquels des données sont disponibles, les secteurs où les pénuries de main-d'œuvre ont le plus augmenté entre 2019 et 2022 offrent également les salaires les plus bas.
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Les écarts de rémunération les plus importants entre les secteurs où la pénurie de main-d'œuvre a augmenté le plus et le moins ont été observés en Italie (4,17 € de l'heure), au Luxembourg (4,16 €), en Allemagne (3,26 €), aux Pays-Bas (2,49 €) et en Grèce (1,51 €).
La Confédération européenne des syndicats (CES) demande à la Commission européenne d'utiliser la prochaine révision des directives sur les marchés publics pour garantir que seules les entreprises qui négocient les salaires et les conditions de travail avec les syndicats soient éligibles pour les contrats publics.
S'exprimant avant la réunion, la secrétaire générale de la CES, Esther Lynch, a déclaré :
"Trop souvent, les pénuries de main-d'œuvre sont discutées sans mentionner l'une des principales causes : les bas salaires.
"J'appelle les ministres qui se réunissent aujourd'hui à se rendre compte que l'amélioration de la qualité des emplois est la pièce manquante du puzzle pour résoudre la pénurie de main-d'œuvre en Europe.
"Les ministres seraient également bien inspirés d'inclure dans leur discussion les prochaines étapes d'un plan européen visant à remédier aux pertes d'emploi croissantes.
"Les études montrent qu'offrir des salaires et des conditions de travail décents est bénéfique pour les travailleurs, les entreprises et l'économie dans son ensemble.
"Le meilleur moyen de parvenir à cette situation gagnant-gagnant est d'augmenter le nombre de travailleurs couverts par des conventions collectives conclues entre les syndicats et les employeurs.