Davos: Non au retour du protectionnisme des années 1930

Bruxelles, 29/01/2009

« {Comme le dit Binit Patel, économiste de Goldman Sachs: 'Un parfum de protectionnisme flotte dans l'air'. En effet, nous constatons que face à la récession, les tentations du ‘chacun pour soi’ sont fortes. Nous en avons de nombreux exemples: chaque pays fait son plan de relance qui peut court-circuiter avec le plan de relance d'un autre pays. De la guerre du roquefort aux Etats Unis, en passant par l'augmentation des droits de douane sur les importations automobiles en Russie, de nombreux secteurs et pays instaurent des mesures protectionnistes. La campagne électorale américaine les évoquait déjà pour l'industrie et nous voyons aujourd'hui que le gouvernement n'a pas tardé à prendre des mesures protectionnistes pour l'acier. Nous savons où mène le protectionnisme et le nationalisme. L'Histoire nous l'a tristement montré. Est-ce cela que nous voulons? Les réponses ne doivent pas être dispersées mais intégrées. Au niveau européen, la réponse doit être européenne. Or, où sont les propositions et les initiatives européennes ? Que fait la Commission pour éviter que ses États membres avancent en ordre dispersé?
Les gouvernements ont été très réactifs face aux premiers soubresauts de la crise. L'effort ne doit pas être relâché mais approfondi pour trouver une vraie solution européenne. Car l'heure est très grave et chacun le sait. Cette crise économique et sociale peut devenir une crise politique.
Il est de la responsabilité de tous ici d'agir ensemble.
Les mouvements de protestation sociale se multiplient. Ils ont commencé en Grèce et se sont étendus à des pays comme la Grèce, l'Islande, les Pays baltes, la Bulgarie, la France. Les travailleurs n'ont pas à faire les frais de l'avidité de certains et de la spéculation d'autres. Ce ne sont pas seulement les banques qui doivent être aidées mais aussi le marché du travail et les travailleurs.

J'en appelle à la responsabilité de certaines banques et entreprises. De nombreuses banques ont été renflouées à deux reprises tout en gardant les mains libres et n'ayant pas à rendre de comptes, ce qui est incroyable. Elles ne répercutent pas sur leurs clients et sur les entreprises les aides dont elles ont bénéficiées. En ne prétant pas, elles paralysent l'économie. Je souhaite que des enquêtes soient menées sur les banques qui connaissent des difficultés. Des sanctions sévères doivent être mises en place contre le management, s'il est prouvé qu'il y a eu spéculation. Car rappelons-le, cette crise n'est seulement due à une dérégulation financière excessive mais à la cupidité et à l'irresponsabilité de certains dirigeants d'institutions financières. De même, les entreprises en difficulté ayant reçu de l'argent public ne doivent pas le consacrer essentiellement à verser des dividendes à leurs actionnaires au lieu d'investir.

Sans réponse politique et économique globale, sans changement de comportement de ceux qui nous conduits à cette crise, la situation se détériorera. Pour la seule journée du 26 janvier, 70 000 emplois ont été détruits dans le monde. Le chômage de masse menace dans un contexte d'un marché du travail précarisé, ce qui n'était pas le cas avant. En 2010 le taux de chômage dépassera les 10 %. L'emploi précaire se multiplie. D'où la nécessité de maintenir les systèmes de protection sociale pour éviter l'exclusion.

Au niveau européen, c'est le rôle de la Présidence tchèque et de la Commission de prendre l'initiative d'une réponse européenne, sans dogmatisme.} »

29.01.2009
Communiqué de presse