Bruxelles, 04/10/2006
Le Secrétaire général de la CES, John Monks, déclare: “Pour que la zone euro connaisse une croissance continue, la relance doit devenir autonome. Les travailleurs européens ont besoin d'une augmentation et la BCE doit comprendre que des hausses de salaires raisonnables sont une composante de la solution et non du problème.”
La BCE justifie le resserrement de sa politique monétaire en se référant aux "hausses de salaires plus importantes que les prévisions", qui auraient des effets secondaires associés à l'augmentation des prix du pétrole et aux augmentations prévues des impôts indirects. Cependant, une étude de la CES aboutit à des conclusions différentes.
Les salaires ne sont pas susceptibles d'avoir des effets secondaires ou d'engendrer des risques accrus pour la stabilité des prix:
- Les récentes conventions collectives sur les salaires, qui courent en 2007, ne révèlent aucune accélération générale. Après examen approfondi, même les conventions qui ont bénéficié d'une grande publicité ne font pas exception à cette règle. A titre d'exemple, l'accord salarial de 3,7 % sur 17 mois, conclu dans le secteur de l'acier allemand, peut paraître spectaculaire, mais il représente seulement une modeste augmentation de 2,6% sur une base annuelle.
- Compte tenu du fait qu'en Allemagne, la formation des salaires est particulièrement sensible à la situation économique et que de nombreuses conventions salariales sont sur le point d'être renouvelées après l'atténuation de l'impact des impôts indirects sur l'inflation, il est fort peu probable que l'on assiste à une course entre les salaires et les prix en Allemagne.
- Là où des systèmes d'indexation automatique des salaires subsistent dans la zone euro, il existe des règles pour maintenir les mouvements inflationnistes sous contrôle. A titre d'exemple, depuis l'accord sur les revenus conclu en Italie en 1993, des lignes de conduite nationales sur la correction des prix dans les salaires tiennent systématiquement compte de l'objectif de stabilité des prix et de maintien de l'inflation à un faible niveau.
Par contre, en ce qui concerne les salaires, les risques portent sur la pression à la baisse pesant sur la croissance:
- L'étude de la CES souligne que chaque accélération de l'accroissement des salaires ne doit pas être considérée comme un problème inflationniste. Avec des salaires qui augmentent actuellement de 2,5%, on est à des années-lumière de la limite maximale en termes d'accroissement inflationniste des salaires, estimée à environ 3,5-4,5%.
- De plus, la courbe de Phillips (qui indique la relation entre le taux de chômage et le taux d'inflation) est au point mort dans la zone euro (voir le graphique ci-dessous). L'expérience de la dernière décennie révèle qu'en dépit d'une baisse constante du chômage, la formation des salaires reste pratiquement étale, tant en période de baisse que de reprise. Le Fonds monétaire international (FMI) estime qu'avec une hausse de 1% de croissance, déterminée par la demande, les augmentations de salaires supplémentaires se limitent à 0,2%. Par conséquent, la limite de croissance inflationniste est très loin d'être atteinte.
- Si les salaires accélèrent moins que le prévoit la BCE au moment précis où le soutien monétaire pour la relance est substantiellement réduit, l'expansion actuelle pourrait à nouveau être de courte durée et être le prélude à une nouvelle baisse.
La courbe de Phillips existe-t-elle encore dans la zone euro ?
Source: FMI (Real wages = salaires réels; Euro area= zone euro; Q=Trimestre)
(Uniquement en anglais)