Bruxelles, 07/03/2007
Par conséquent, la CES :
- soutient totalement les campagnes de négociation de ses syndicats affiliés visant à conclure des accords salariaux plus élevés, en particulier dans les pays où une modération excessive a miné la demande intérieure et la croissance ;
- avertit la BCE qu'on est loin des évolutions salariales inflationnistes et qu'elle ne doit pas confondre une augmentation de la croissance salariale avec des évolutions salariales inflationnistes ;
- demande instamment aux ministres européens des finances, à la BCE et à la Commission de respecter l'autonomie des négociations collectives ;
- invite les responsables de l'élaboration des politiques économiques à effectuer une analyse approfondie du marché européen du travail, en montrant que la capacité du marché du travail à soutenir une croissance solide et la création d'emplois plus nombreux et de meilleure qualité, est importante.
« La Banque centrale européenne augmente les taux d'intérêt afin d'obtenir quelque chose qu'elle a déjà. Cela fait plus d'une décennie que les salaires négociés par convention collective sont compatibles avec la stabilité des prix. Si la BCE ne se rend pas compte de son erreur et continue à augmenter les taux d'intérêt, la reprise attendue depuis longtemps sera compromise », a déclaré John Monks, Secrétaire général de la CES.
Les responsables européens de l'élaboration des politiques économiques ont découvert la question des salaires. Demain, la Banque centrale européenne pourrait augmenter à nouveau ses taux d'intérêt en raison de ce qu'elle appelle des augmentations salariales « plus élevées que prévues ». De plus, la semaine dernière, le Conseil européen des ministres des finances a communiqué un message confus, disant que les travailleurs devraient à présent commencer à profiter de la croissance mais que la modération salariale devrait se poursuivre.
La Confédération européenne des syndicats veut éclaircir la discussion relative aux salaires :
- La CES soutient pleinement les campagnes de négociation des syndicats affiliés visant à conclure des accords salariaux plus élevés, en particulier dans les pays où la modération salariale a été excessive. L'économie a besoin d'une croissance salariale plus élevée afin de soutenir la consommation des ménages et de transformer une reprise à court terme, tirée par les exportations et les investissements, en une croissance à long terme auto-soutenue.
- Même avec des salaires plus élevés, négociés par convention collective, il n'y a pas de risques d'augmentations salariales inflationnistes. Les signaux lancés par les récentes évolutions des négociations collectives sont contradictoires, certains syndicats optant pour des revendications salariales plus élevées alors que d'autres sont obligés de poursuivre sur la voie de la modération salariale. L'expérience des dix dernières années nous montre que les salaires négociés par convention collective tiennent déjà compte de l'objectif de stabilité des prix en compensant la faible inflation et une part limitée de l'augmentation de la productivité (voir: graphique).
- Il n'y a pas non plus de danger inflationniste provenant d'une dynamique salariale excédant les salaires négociés par convention collective. Une analyse du marché du travail européen montre que même avec un chômage de moins de 8%, les engorgements de main-d'œuvre restent limités et qu'il y a encore une réserve considérable de main-d'œuvre qualifiée disponible. À long terme, la véritable clé pour éviter des évolutions salariales inflationnistes en dépit de la diminution du chômage, réside dans des réformes structurelles bien ciblées qui augmentent la réserve de main-d'œuvre disponible. Ceci implique une formation des chômeurs (tant des chômeurs de courte durée qui représentent plus de la moitié du chômage total que des chômeurs de plus longue durée), l'accès à des installations de soins pour permettre à davantage de travailleurs à temps partiel d'opter pour un emploi à temps plein, le droit à un travail à temps plein pour les 17 millions de travailleurs à temps partiel en Europe qui se disent incapables de trouver un emploi à temps plein.
- La CES regrette que les salaires et les négociations collectives soient discutés par les ministres européens des finances et la BCE sans que les partenaires sociaux n'aient la possibilité de formuler des avis et des conseils. La CES demande instamment à la BCE indépendante, au conseil Ecofin et à la Commission de respecter l'autonomie des négociations collectives. Bien que la CES et ses affiliés soient prêts à expliquer aux banques centrales et aux ministres des finances le fonctionnement des négociations collectives et à en discuter, il doit être clair que les partenaires sociaux restent responsables des négociations collectives.
Graphique : les augmentations salariales négociées par convention collective ont été compatibles avec la stabilité des prix ces 10 dernières années