Les travailleurs européens affectés par la crise du coronavirus continueront à recevoir jusqu’à 100% de leur rémunération grâce aux garanties négociées par les syndicats.
L’étude menée par l’ETUI pour compte de la Confédération européenne des syndicats (CES) montre que 18 pays de l’UE, la Norvège et le Royaume-Uni ont pris certaines mesures visant à protéger les emplois et les salaires des travailleurs suspendus temporairement ou dont le temps de travail a été réduit en raison de la crise.
En contraste complet avec ces mesures, les droits du travail et sociaux ont été suspendus en Croatie qui est actuellement en charge de la Présidence du Conseil de l’UE – une décision que la CES a fermement condamnée dans une lettre adressée au Premier ministre croate.
Dans de nombreux autres pays, les syndicats ont négocié avec les employeurs et le gouvernement national pour mettre en place des politiques destinées à garantir les revenus à court terme et les moyens de subsistance à long terme des travailleurs.
- Autriche : Syndicats, employeurs et gouvernement se sont mis d’accord sur un régime de réduction du temps de travail au terme duquel les travailleurs à bas salaire recevront 90% de leur rémunération habituelle tandis que les travailleurs à salaire moyen et à haut salaire recevront respectivement 85% et 80% de leur rémunération normale.
- Pays-Bas : S’inspirant de plusieurs propositions syndicales pour préserver l’emploi et les revenus des travailleurs, le gouvernement néerlandais a annoncé un régime d’une durée de trois mois selon lequel les travailleurs continueront de disposer de leur plein revenu et les entreprises pourront – en fonction de la perte de leur chiffre d’affaires – bénéficier d’une aide d’État allant jusqu’à 90% pour soutenir les salaires. Ce régime est également d’application pour les travailleurs intérimaires et contractuels.
- Danemark : Syndicats, employeurs et gouvernement se sont mis d’accord sur un régime de subvention temporaire des salaires pour les entreprises affectées par la crise. Le gouvernement financera 75% des salaires jusqu’à 23.000 DKK (environ 3.000 EUR) si l’entreprise s’abstient de licencier des travailleurs qui continueront à percevoir 100% de leur salaire mensuel.
- Roumanie : Les syndicats ont participé à un groupe de travail du gouvernement qui a convenu que les travailleurs continueront à percevoir deux tiers de leur salaire habituel s’ils ne sont pas en mesure de travailler ou s’ils sont temporairement suspendus.
- Royaume-Uni : Suite aux négociations avec les syndicats, le gouvernement s’est engagé à rembourser 80% des salaires – plafonnés à 2.500 GBP – des employés qui autrement auraient été licenciés.
La Secrétaire générale adjointe de la CES, Esther Lynch, a déclaré :
« Partout en Europe, les syndicats veillent à ce que les personnes n’aient pas à choisir entre rester en sécurité ou payer leurs factures durant la crise du coronavirus. »
« Les politiques raisonnables mises en place pour protéger les salaires et les emplois contribueront également à faire en sorte que l’Europe ne se retrouve pas face à une nouvelle crise économique dévastatrice en plus de l’actuelle urgence sanitaire. »
« Les gouvernements qui tardent à agir devraient suivre l’exemple d’autres pays européens et s’asseoir autour de la table avec les syndicats pour définir les mesures à même de protéger les moyens de subsistance des travailleurs et la santé publique. »
« Les responsables européens doivent s’assurer que les fonds nécessaires sont disponibles afin de protéger les travailleurs et l’économie en émettant des obligations « corona » à faible intérêt et en suspendant les recommandations économiques à destination des États membres. »
On trouvera l’analyse complète des mesures à court terme liées au travail ainsi que d’autres notes d’information sur l’impact de la crise sur les travailleurs via le lien :
https://www.etuc.org/en/publication/covid-19-watch-etuc-briefing-notes