La CES à propos du salaire minimum

Réagissant au lancement de l’initiative de la Commission européenne en matière de salaire minimum, le Secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), Luca Visentini, a déclaré : « Il est encourageant de constater que la Commission reconnaît que la situation des travailleurs à faible revenu s’est aggravée et que les inégalités salariales sont en hausse. Alors que, dans de nombreux États membres, et malgré une amélioration des performances économiques, les salaires réels stagnent toujours à un niveau inférieur à que ce qu’ils étaient il y a dix ans, une action pour s’attaquer au problème des bas salaires en Europe n’a que trop tardé. »

Et la Secrétaire générale adjointe de la CES, Esther Lynch, d’ajouter : « Malheureusement, les propositions contenues dans le document de consultation de la Commission paraissent bien légères. Porter le salaire minimum légal à 60% du salaire médian, soit l’équivalent officiel du seuil de pauvreté, est une exigence de base mais n’est pas suffisant. Certains travailleurs connaîtraient toujours des fins de mois difficiles. Tous les travailleurs doivent avoir le droit d’adhérer à un syndicat et de négocier collectivement un salaire juste avec les employeurs. »

« La Commission européenne pourrait donner l’exemple en commençant par s’assurer que les marchés publics ne soient accessibles qu’aux seules entreprises qui négocient les salaires avec les syndicats. Environ 2.000 milliards d’euros (14% du PIB) sont dépensés annuellement par les organismes publics pour l’achat de services, de travaux et de fournitures. Ces marchés pourraient contribuer à garantir des salaires décents plutôt que les prix les plus bas. »

« Nous nous inquiétons également de ce que les propositions de la Commission ne soient pas du tout claires quant à la manière dont elles garantiront la protection de la négociation collective dans les pays où celle-ci fonctionne déjà bien. »

Notes :

  • La semaine dernière, la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a reconnu que la négociation collective est essentielle dans une économie sociale de marché et a demandé à la CES de préparer des propositions sur la manière dont cette négociation peut être renforcée dans chaque État membre.
  • Le rapport Benchmarking Working Europe de l’Institut syndical européen (ETUI) révèle que la France et le Portugal sont les deux seuls États membres où le salaire minimum est de 60% du salaire médian national.
  • Selon l’Indice des droits mondiaux de la CSI, le droit à négocier collectivement a été violé dans la moitié des pays européens.