La Commission a tort de se réjouir du taux d'emploi sur fond de licenciements

La Commission européenne a tort de se réjouir d'un marché du travail "remarquablement résistant" alors que des dizaines de milliers de travailleurs sont menacés de licenciement. 

La Commission a fait cette affirmation dans sa proposition de rapport conjoint sur l'emploi (RCE), publiée aujourd'hui dans le cadre du paquet d'automne du semestre européen.

Mais les statistiques sur lesquelles se fonde cette évaluation optimiste ne tiennent pas compte de la vague de licenciements forcés dans des secteurs allant de l'industrie automobile à la banque :

 

Entreprise Pays Nombre d'emplois menacés
Thyssenkrupp Thyssenkrupp Allemagne 11000
Volkswagen Allemagne 10000
Milee France 10000
ArcelorMittal Belgique 5600
Ford Europe 4000
Audi Belgique 3000
Supermarché Auchan France 2400
Klarna Suède et Royaume-Uni 2000
Northvolt Suède 1600
Vauxhall (Stellantis) ROYAUME-UNI 1100


La Confédération européenne des syndicats (CES) appelle les dirigeants de l'UE à prendre conscience de la crise croissante de l'emploi et à faire des mesures suivantes une priorité :

- Une politique industrielle cohérente et puissante pour créer des emplois de qualité et soutenir notre économie
- La mise en place d'un mécanisme d'investissement permanent pour assurer les investissements publics nécessaires aux biens publics et pour garantir des transitions justes et des emplois de qualité ne s'arrête pas avec le RFF ;
- Une directive visant à garantir une transition juste par l'anticipation et la gestion du changement pour les travailleurs des secteurs et des entreprises concernés par les transitions, y compris les transitions verte et numérique ;
- Un moratoire sur les licenciements forcés. 

Ludovic Voet, secrétaire confédéral de la CES, a déclaré : 

"L'évaluation optimiste du marché du travail par la Commission ne ressemble en rien à la réalité à laquelle sont confrontés des dizaines de milliers de travailleurs qui doivent faire face à des licenciements forcés à Noël. 

"Alors que ces licenciements ne sont toujours pas pris en compte dans les statistiques officielles, la Commission n'a qu'à regarder les manifestations en cours contre les milliers de suppressions d'emplois d'Audi à sa porte pour voir la réalité sur le terrain. 

"Dans le détail de ce rapport, certains signes montrent que la Commission va dans la bonne direction en ce qui concerne la promotion d'une rémunération équitable et la reconnaissance de la nécessité de transitions vertes et numériques équitables.

"Mais il est difficile de voir comment ces objectifs pourront se concrétiser tant que l'UE ne disposera pas d'un cadre fiscal favorisant l'investissement et que la Commission n'aura pas présenté une directive sur la transition équitable.

"Les travailleurs veulent voir la Commission reconnaître la menace imminente qui pèse sur leurs emplois et faire de la prévention des licenciements une priorité, plutôt que d'essayer de leur faire miroiter une histoire plus heureuse. 

"Cela signifie qu'il faut abandonner la déréglementation et l'austérité et veiller à ce que l'Europe dispose d'une véritable politique industrielle soutenue par un nouveau mécanisme d'investissement permanent assorti de conditionnalités sociales afin de garantir que l'argent public soutienne des emplois de qualité et la négociation collective.