La Confédération européenne des syndicats (CES) demande instamment au Sommet du Printemps de renforcer l'Europe sociale

Bruxelles, 19/03/2004

“Le pilier social est absolument essentiel pour l'innovation, la productivité et la croissance économique. Ce n'est pas quelque chose que l'on crée avec les miettes qui restent sur la table après que le pilier de la compétitivité ait eu son repas et son dessert, ” a déclaré John Monks, Secrétaire Général de la CES.

Dans la tourmente des terribles événements du 11 mars dernier à Madrid, le Comité Exécutif de la CES demande instamment au Sommet du Printemps de renforcer la confiance des travailleurs, des investisseurs et des consommateurs en rééquilibrant les politiques économiques avec les politiques sociales.

Démanteler la protection sociale et accroître l'insécurité pour les travailleurs, ce n'est pas la voie à suivre. La résolution de la CES demande surtout que le Conseil du Printemps rejette la proposition relative à un vice-président « Concurrence » à la Commission, qui analyserait systématiquement l'impact de propositions de réformes, c'est-à-dire vérifierait si les propositions de l'UE sont « conviviales pour le monde des affaires » en soumettant toute proposition de réforme à des tests arbitraires et à courte vue pour en déterminer l'impact présumé sur la “compétitivité”. Ceci porterait sérieusement préjudice à la base à partir de laquelle il faut relever le niveau de vie et améliorer la qualité de vie de tous les citoyens de l'Europe.

En revanche, la CES demande instamment que le Conseil du Printemps renforce le pilier social afin de mettre l'Europe sur la voie rapide de l'innovation, de la productivité et de la croissance :

• en accroissant la participation des travailleurs dans les entreprises afin d'augmenter la productivité ;
• en soutenant les conventions collectives qui élargissent l'accès des travailleurs vers la formation et l'apprentissage tout au long de la vie ;
• en apportant aux travailleurs la sécurité et une forte architecture sociale afin de leur permettre de s'adapter au changement et de prévenir que les travailleurs ne tombent dans le piège de « l'emploi pauvre » ;
• en empêchant une concurrence basée sur de longues heures de travail ou des salaires de misère, de telle sorte que les entreprises soient forcées d'investir dans l'innovation et dans la productivité ;
• en promouvant le dialogue social sectoriel de telle sorte que les activités industrielles puissent être reconverties avec la pleine coopération des travailleurs et syndicats.

La CES salue la proposition de la présidence de s'engager dans un partenariat européen pour le changement comme moyen de promouvoir l'innovation, la productivité et la cohésion sociale par un dialogue social plus fort et de soutenir des politiques de demande globale qui assureront et relanceront ce redressement attendu depuis si longtemps. Les syndicats européens sont prêts à jouer un rôle décisif dans cet effort.
Lors de son Comité Exécutif, la CES a également adopté une déclaration concernant le projet de règlement REACH (Registration, Evaluation, and Authorisation of Chemicals) qui porte sur l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation de produits chimiques. La procédure permettra une plus grande transparence ainsi qu'une évaluation des risques. La CES a souligné la nécessité d'approfondir le travail en matière de recherche, d'innovation et d'emploi.

En outre, la CES a exprimé sa préoccupation concernant les services d'intérêt général dans le marché intérieur : on y accorde trop d'importance à la libéralisation au détriment du chapitre social, et cela peut avoir des conséquences négatives pour les travailleurs.