La répression des syndicats met en péril les obligations de la Turquie en matière de droits de l'homme

La CES demande à la Commission européenne d'enquêter sur les cas d'arrestations et de détentions récentes de représentants des travailleurs, qui violent le respect des droits de l'homme et des droits fondamentaux et mettent en péril les engagements des gouvernements turcs envers l'UE dans ce domaine.

Le 26 novembre, les forces de police ont effectué des descentes simultanées dans plusieurs locaux syndicaux et aux domiciles de représentants des travailleurs, et ont placé huit syndicalistes en détention. Remzy Çalışkan, vice-président de Disk, fait partie des personnes qui ont été transférées en prison et qui risquent une peine d'emprisonnement.

Une délégation d'urgence de la CES s'est rendue à Ankara la semaine dernière pour enquêter sur les preuves et les accusations portées contre les syndicalistes. La CES tire aujourd'hui la sonnette d'alarme face à un manque manifeste d'indépendance judiciaire et au non-respect des normes juridiques internationales et européennes.

Dans ces circonstances, les condamnations pénales constitueraient une violation des engagements en matière de droits de l'homme pris dans le cadre de l'accord d'association UE-Turquie et pourraient compromettre les investissements de l'UE prévus dans le cadre de la plateforme d'investissement de la Turquie.

Esther Lynch, secrétaire générale de la CES, qui a conduit la délégation, a déclaré :

"Cette répression constitue une escalade majeure dans les tactiques d'intimidation déployées à l'encontre de certains syndicats en Turquie. Elle suggère que le gouvernement est prêt à franchir un nouveau palier dans son utilisation des tribunaux comme arme pour réduire au silence les acteurs démocratiques.

"Le syndicalisme n'est pas un crime. Ces syndicalistes n'ont fait qu'exercer leur devoir de représentation des travailleurs pour lesquels ils ont été élus. Les accusations forgées de toutes pièces n'ont rien à voir avec la réalité et le gouvernement doit agir de toute urgence pour rectifier la situation.

"Le fait qu'ils aient été pris pour cible n'est pas une coïncidence et cette répression porte les marques d'une intimidation de l'État et d'une attaque coordonnée contre le mouvement syndical et la démocratie elle-même.

"Mais les travailleurs ne se laisseront pas intimider. Les grandes mobilisations qui ont eu lieu dans tout le pays le démontrent clairement et cette attaque mobilise les syndicats frères ailleurs aussi.

"Ce sont les travailleurs qui font vivre la société. Le gouvernement ferait mieux de travailler avec eux au lieu de les traiter comme des ennemis. Le mouvement syndical européen est pleinement engagé dans la libération des personnes détenues.

Visite en Turquie
10.12.2024
Communiqué de presse