Un nouveau rapport publié à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes montre que les lois européennes ne sont pas à la hauteur des menaces nouvelles et croissantes qui pèsent sur les femmes sur le lieu de travail.
La numérisation et la précarité accrues ont contribué à une marée montante de violence sexiste sur le lieu de travail.
Mais une analyse des cadres juridiques montre que les lois européennes et nationales existantes sur la violence fondée sur le genre au travail doivent encore être adaptées pour tenir compte des évolutions récentes.
C'est pourquoi la CES a écrit à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour lui demander de présenter une nouvelle directive sur la violence à caractère sexiste au travail, afin d'aider les syndicats à négocier collectivement des lieux de travail sûrs.
Le rapport de la Confédération européenne des syndicats (CES), intitulé "Safe at Home, Safe at Work, Safe Online" (En sécurité à la maison, en sécurité au travail, en sécurité en ligne), constate :
- Avec l'essor du télétravail et du travail à distance, ainsi que la dépendance économique, la violence domestique est devenue plus que jamais un problème sur le lieu de travail. "Nous avions déjà sensibilisé à l'impact négatif de la violence domestique sur l'emploi des victimes. Cependant, ce problème n'est pas encore largement considéré comme une préoccupation sur le lieu de travail". - Hege Herø, YS, Norvège.
- Les syndicats ont signalé une augmentation de la violence à l'encontre des travailleuses de la part de personnes qui ne sont pas leurs collègues.
"Nous constatons une augmentation de la violence de tiers à l'encontre des femmes ces dernières années, en particulier dans les secteurs de première ligne tels que la santé et les soins sociaux, le commerce de détail et l'hôtellerie-restauration. Il n'y a pas assez de travailleurs pour faire le travail, alors les gens deviennent violents". - Irena Štamfelj, ZSSS, Slovénie
- La numérisation des environnements de travail est un terrain propice à la cyberviolence, notamment au cyberharcèlement, à la violation de la vie privée et aux préjugés sexistes en raison de l'utilisation de l'IA. "Le travail à distance et la numérisation sont des facteurs impliqués dans la cyberintimidation. L'envoi de vidéos et de messages sexuellement explicites sont les principales méthodes utilisées par les auteurs." - Raquel Gómez Merayo, CCOO, Espagne.
La directive relative à la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, adoptée au début de l'année, n'a pas tenu compte de la violence à laquelle les femmes sont confrontées dans le monde du travail.
Pourtant, selon l'Agence européenne des droits fondamentaux, 16% des femmes de l'UE ont déclaré que les violences les plus graves commises par un non-partenaire avaient eu lieu au travail.
Une enquête de la CES a également révélé que 72 % des syndicats de 15 États membres estiment que les lois de leur pays visant à lutter contre la violence et le harcèlement dans le monde du travail ne sont pas assez strictes.
La secrétaire générale adjointe de la CES, Isabelle Schömann, a déclaré :
"Les changements récents dans le monde du travail signifient que les femmes sont de plus en plus confrontées à la violence physique ou au harcèlement en ligne. Le travail à domicile a augmenté la violence domestique, les femmes sont confrontées à davantage d'abus sur le front des services publics sous-financés et la numérisation a conduit à un cyberharcèlement croissant.
"Malheureusement, les responsables politiques n'ont pas veillé à ce que nos lois soient adaptées aux nouvelles menaces auxquelles sont confrontées les femmes au travail.
"La récente directive européenne sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes n'a malheureusement pas apporté de mesures concrètes pour rendre les lieux de travail plus sûrs pour les travailleuses.
"C'est pourquoi, en cette journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, j'appelle la présidente von der Leyen à présenter une nouvelle directive consacrée à la lutte contre la violence à l'égard des femmes au travail.
"Nous entendrons aujourd'hui des paroles fortes de la part de politiciens de tous les partis. Mais nous les jugerons sur leurs actes et non sur leurs paroles.
Notes
Rapport : En sécurité au travail, en sécurité à la maison, en sécurité en ligne : Lutter contre la violence et le harcèlement fondés sur le sexe dans un monde du travail en mutation
L'augmentation de la violence contre les femmes sur le lieu de travail nécessite une nouvelle législation
Communiqué de presse