Le blocage de la transparence salariale coûterait 4,8 milliards d'euros aux femmes

Les projets des entreprises visant à bloquer la transparence des salaires auraient un impact sur plus de 10 millions de femmes actives, leur coûtant au total au moins 4,8 milliards d'euros par an, selon de nouvelles conclusions basées sur la recherche de l'ETUI. 

Business Europe fait pression la Commission à exclure la majorité des entreprises couvertes par la directive sur la transparence des rémunérations de l'obligation de rendre compte de l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes parmi leurs travailleurs. Ils veulent introduire une exception pour les entreprises comptant entre 100 et 250 employés. 

Ces entreprises emploient plus de 10 millions de femmes. Ces travailleuses seraient tenues dans l'ignorance de l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes sur leur lieu de travail du fait de l'exclusion. 

La transparence s'est avérée être un levier crucial pour les travailleuses et leurs syndicats afin de réduire l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes. Des recherches universitaires indépendantes suggèrent que les entreprises dans lesquelles la transparence des rémunérations existe ont des écarts de rémunération entre les hommes et les femmes qui sont de 10 à 20 % inférieurs. 

Cette recherche, publiée en amont de la Feuille de route pour les droits des femmes, montre la nécessité de règles contraignantes pour faire progresser l'égalité sur le lieu de travail et au-delà. La CES demande à la Commission européenne de rester ferme et de ne pas revenir sur la directive européenne relative à la transparence des rémunérations. Au contraire, la Commission doit veiller à la mise en œuvre complète de la directive et annoncer des mesures de suivi concrètes dans sa prochaine feuille de route pour les droits des femmes. 

Isabelle Schömann, secrétaire générale adjointe de la CES, a déclaré : 

"La Journée internationale de la femme est une journée d'action, pas de phrases creuses. La Commission européenne doit inclure des mesures fortes en faveur de l'égalité salariale dans sa prochaine feuille de route pour les droits des femmes.

"L'égalité se nourrit de transparence. Plus nous pouvons mettre en lumière la discrimination, plus nous pouvons forcer l'action pour remédier à l'injustice. 

"Mais il est clair que certains s'acharnent à nous maintenir dans l'ignorance. Les entreprises qui s'emploient activement à faire reculer des mesures durement acquises et reconnues pour réduire l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes devraient avoir honte. 

"La Commission doit maintenant fixer des limites. Les entreprises ont joué la carte de l'excès de réglementation, mais ce sont les travailleuses qui, depuis trop longtemps, sont accablées par les bas salaires. Nous refusons de payer la facture. 

"Il est temps de défendre l'égalité salariale et de donner aux travailleuses et à leurs syndicats les outils dont ils ont besoin pour mettre au jour la discrimination salariale et la sous-évaluation du travail effectué par les femmes. 

Notes : 

Note d'information sur la transparence des rémunérations et l'écart de rémunération entre les femmes et les hommes.

Les estimations ci-dessus sont basées sur l'hypothèse que la transparence des rémunérations réduit l'écart de rémunération entre les femmes et les hommes de 10 %, ce qui correspond à l'estimation la plus prudente des recherches universitaires. Dans l'hypothèse d'une réduction de 15 %, qui reflète plus fidèlement les conclusions, le coût pour les femmes serait de 7,2 milliards d'euros par an.