Parmi le personnel de nettoyage qui part en grève aujourd’hui se trouvent des femmes qui travaillent sur la ligne de front du Covid et qui se sont exprimées sur la nécessité d’une directive européenne en matière de transparence salariale pour mettre fin à la sous-évaluation de leur travail.
En Italie, quelque 600 000 salariés du secteur du nettoyage, dont 70% sont des femmes, travaillant dans les hôpitaux, les maisons de soins, les écoles, les universités, les usines et les bureaux organisent une grève-surprise d’un jour suite au refus de leurs employeurs de négocier une convention collective portant sur leurs salaires et leurs conditions de travail.
Des femmes participant à cette grève commune organisée par les syndicats FILCAMS-CGIL, FISASCAT-CISL et UIL Transporti ont enregistré des témoignages expliquant pourquoi la directive sur la transparence salariale promise par la Commission européenne est tellement urgente. On trouve parmi elles :
Loredana del Duca : Video
« La crise du Covid a mis en lumière ce qui était déjà évident avant même qu’elle n’éclate : le personnel de nettoyage a toujours été essentiel. Malheureusement, nous sommes invisibles lorsqu’il s’agit de nos salaires. Si nous sortons de l’ombre aujourd’hui, c’est principalement pour deux raisons : premièrement, parce que nos salaires sont inégaux par rapport aux risques auxquels nous sommes confrontés chaque jour ; deuxièmement, parce que nous attendons le renouvellement de notre convention collective de travail depuis 7 ans. »
Paola Battistello : Video
« Durant la pandémie, on m’a demandé de nettoyer des salles de soins intensifs Covid. Ce n’était pas un travail facile. Nettoyer et désinfecter un environnement Covid veut dire travailler avec des équipements de protection qui entravent vos mouvements et vous empêchent de bien respirer. En outre, la crainte de faire des erreurs vous rend psychologiquement anxieux. »
« Malgré le fait que ayons été saluées comme étant des travailleurs essentiels, notre travail n’a pas été revalorisé durant cette période : nous gagnons 5 euros de l’heure mais aucun employeur n’a décidé de nous octroyer une prime ou une augmentation de salaire. »
Jessica Sambrunone : Video
« Notre service est essentiel mais est sous-payé. Malgré les actions des syndicats, des contrats ne sont pas renouvelés et notre travail est continuellement sous-évalué. Dans notre secteur, un travailleur – femme ou homme – gagne en moyenne environ 600 euros par mois. Nous sommes des travailleurs essentiels et nous nous battons pour nos droits, nous luttons contre l’écart salarial entre les femmes et les hommes et pour mettre fin au secret qui entoure les salaires. »
En Espagne, des agents de nettoyage, membres du syndicat CCOO, se sont également exprimés à propos de la nécessité de transparence salariale :
Raquel Hijosa : Video
« Je travaille dans un hôpital de Madrid. Durant la pandémie, j’ai travaillé comme agent de nettoyage dans les unités de soins intensifs. Comme nous ne sommes pas considérés comme faisant partie du personnel exposé à de hauts risques, nous avons des difficultés à nous procurer les bons équipements de protection. Ce qui est clairement apparu durant la pandémie c’est que le personnel de nettoyage est essentiel et indispensable. Nous luttons pour nos droits. »
Pepi Montero : Video
« Je suis agent de nettoyage, je travaille aux archives. Durant la pandémie, nous avons désinfecté à 200%. Nous pensons que notre salaire n’est pas équitable et nous ne sommes pas reconnues comme nous devrions l’être. Nous sommes des travailleurs indispensables et nous voulons défendre nos droits fondamentaux. Nous exigeons la transparence des salaires et l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes. »
Ces témoignages seront intégrés dans une vidéo qui sera publiée aujourd’hui par UNI Europa et la CES dans un nouvel effort visant à faire pression sur la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, pour qu’elle tienne sa promesse de « mesures de transparence salariale contraignantes ».
La semaine dernière, la Commission a déclaré qu’elle allait « bientôt proposer des mesures contraignantes en matière de transparence des rémunérations » mais les syndicats l’exhortent à fixer une date pour la publication de ces mesures marquées « à confirmer » dans son agenda.
Au rythme actuel, et si rien n’est entrepris à ce sujet, les femmes dans l’ensemble de l’UE devrons attendre jusqu'en 2014 pour obtenir l’égalité de rémunération.
Le Secrétaire régional d’UNI Europa, Oliver Roethig, a déclaré :
« Les travailleuses ont été en première ligne des efforts visant à contenir la pandémie. Pourtant, le travail de travailleurs essentiels comme les agents de nettoyage a été systématiquement sous-évalué. »
« Aujourd’hui, les travailleuses italiennes et leurs syndicats ont pris position. Nous soutenons leur grève. Bien qu’elles combattent le virus jour après jour, elles doivent aussi se battre contre la discrimination salariale systémique qui pèse sur elles. »
« Le secret des rémunérations est une aberration qui permet de maintenir les salaires à un bas niveau. La même situation se répète dans tous les pays de l’UE. »
« L’UE pourrait faire en sorte que des millions de travailleurs reçoivent la reconnaissance et le salaire qu’ils méritent. La Commission européenne a l’occasion de donner aux femmes dans toute l’Europe un coup de pouce salutaire en introduisant une législation significative sur la transparence salariale. »
Et Esther Lynch, Secrétaire générale adjointe de la CES, d’ajouter :
« Ces témoignages forts montrent clairement la manière dont des emplois essentiels habituellement occupés par des femmes ont été complètement sous-évalués. Il est temps de corriger cela. »
« Les femmes telles que celles qu’on voit dans la vidéo ont, durant la pandémie, travaillé sans relâche pour assurer notre sécurité dans les hôpitaux, les maisons de soins et les écoles mais elles touchent encore un salaire de misère. »
« Il est vraiment incroyable qu’après avoir été déclarés travailleurs essentiels, certains agents de nettoyage soient forcés de partir en grève pour que leur employeur accepte simplement de s’asseoir avec eux et de parler de leur salaire. »
« Il ne saurait pas y avoir de raison plus évidente pour que la Commission européenne fasse une priorité d’une directive sur la transparence des rémunérations qui soutient également les syndicats dans les négociations salariales avec les employeurs. »
Notes
Les médias peuvent librement utiliser les vidéos de témoignages qu’on trouvera via ce lien.
Personnes de contact pour organiser des interviews :
Italie : Cinzia Bernardini, CGIL. Pour des interviews en italien : +39 348 88 76 513, [email protected]
Espagne : Pilar Exposito, Secrétaire CCOO département égalité des chances. Pour des interviews en espagnol : +34 650 03 07 08, [email protected]. Sa collègue Natalia Galan peut être contactée pour des interviews en anglais : [email protected]