Les patrons affirment que la transparence des salaires est un "fardeau réglementaire"

À l'occasion de la Journée européenne de l'égalité salariale, les syndicats tirent la sonnette d'alarme face aux tentatives des entreprises de s'opposer aux mesures de transparence salariale qui ont fait leurs preuves en matière de réduction des inégalités salariales entre les hommes et les femmes.

Selon une analyse des données de l'OCDE réalisée par l'Institut syndical européen, l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes au sein des entreprises est de 17 % dans les pays qui ne disposent pas de lois sur la transparence des rémunérations, contre 14 % dans les pays qui en sont dotés.

L'année dernière, l'UE a adopté une directive sur la transparence des rémunérations qui, si elle est correctement transposée en droit national par les États membres, contribuera de manière significative à combler l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes en Europe, car les règles de la directive sur la transparence des rémunérations sont plus ambitieuses que celles mises en place par de nombreux États membres.

Pays Écart de rémunération au sein de l'entreprise Période de référence Transparence des salaires
Portugal -18.9 2002-2017
Finlande -18.7 2004-2016 Oui
Estonie -17.7 2003-2018
Hongrie -17.5 2003-2017
Allemagne -17.1 2002-2018 Oui
Autriche -16.0 2000-2018 Oui
Pays-Bas -15.5 2010-2019
Italie -15.3 1996-2015
Slovaquie -15.0 2014-2019
Danemark -14.6 2001-2017 Oui
Espagne -12.9 2006-2018 Oui
France -12.1 2002-2018 Oui
Suède -5.2 2002-2017 Oui
Moyenne en l'absence de transparence des rémunérations -16.6
Moyenne en cas de transparence des salaires -13.8

Source : rapport de l'Ocde, chapitre 5, p151 Rapport de l'OCDE chapitre 5, p151 https://www.oecd-ilibrary.org/docserver/7d9b2208-en.pdf?expires=1730924972&id=id&accname=guest&checksum=01E65879986CE1F013D1C384B1BFE6A3

Cependant, les organisations d'entreprises tentent déjà de saper la directive pendant la période de transposition qui se termine le 7 juin 2026.

Lors du récent sommet des partenaires sociaux, un représentant important des entreprises a cité la directive sur la transparence des rémunérations entre hommes et femmes comme un exemple de "fardeau réglementaire" qui devrait être ciblé dans le cadre de l'agenda de déréglementation de la Commission.

Ces commentaires ont été faits en dépit du fait que la Commission a déjà limité les rapports sur les rémunérations entre hommes et femmes aux organisations de plus de 250 employés, à la demande des lobbyistes du monde des affaires, ce qui signifie que deux tiers des travailleurs européens sont exclus des mesures.

La secrétaire générale adjointe de la CES, Isabelle Schömann, a déclaré :

La transparence des rémunérations n'est pas un "fardeau réglementaire" mais, comme le montrent les faits, un outil indispensable pour démanteler la discrimination salariale fondée sur le sexe que les conseils d'administration dominés par les hommes ont dissimulée pendant trop longtemps. Le véritable fardeau est l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes : Les travailleuses en paient le prix toute leur vie, car il conduit à la pauvreté au travail et à l'écart de pension entre les hommes et les femmes.

"Le secret sur les niveaux de rémunération a joué un rôle crucial dans la persistance de différences totalement illogiques entre les taux de rémunération perçus par les hommes et les femmes dans les mêmes entreprises ou pour le même travail. Les règles de transparence salariale et l'application du principe "à travail égal, salaire égal" feront une réelle différence pour les travailleuses.

"À l'occasion de la journée de l'égalité salariale, j'invite instamment les États membres à appliquer correctement la directive sur la transparence des rémunérations, qui contribuera grandement à combler l'écart de rémunération honteux entre les hommes et les femmes en Europe.

"Les tentatives des patrons d'utiliser le nouvel élan de déréglementation de la Commission pour mettre un terme à la transparence des rémunérations montrent une fois de plus que la déréglementation est incompatible avec la mise en œuvre des politiques sociales de l'UE.