Les PDG gagnent plus de 100 fois plus que les travailleurs

Les PDG des plus grandes entreprises européennes se paient 110 fois plus que le travailleur moyen, selon une analyse de l'Institut syndical européen.

Entre un salaire de base moyen de 1 571 000 euros et des primes pouvant atteindre 200 % de leur salaire, les PDG des 100 plus grandes entreprises européennes ont perçu une rémunération moyenne de 4 147 440 euros l'année dernière. À titre de comparaison, un travailleur à temps plein gagne en moyenne 37 863 euros. 

Ces résultats sont publiés à la veille de la réunion annuelle des chefs d'entreprise du monde entier au sommet de Davos. La Confédération européenne des syndicats (CES) avertit que l'énorme écart de richesse nuit à la fois à l'économie et à la démocratie.

Les bas salaires ont exacerbé la pénurie de main-d'œuvre en Europe, une étude montrant que les industries qui ont le plus de mal à recruter des travailleurs paient en moyenne 9 % de moins que celles qui sont le moins touchées. 

L'inégalité des richesses

Une autre étude montre que les personnes insatisfaites de leur salaire et de leurs conditions de travail, et qui n'ont que peu d'influence sur leur emploi, sont plus susceptibles de perdre confiance dans les institutions démocratiques.

C'est pourquoi il est urgent d'augmenter le nombre de travailleurs couverts par des conventions collectives, dont il est prouvé qu'elles améliorent la qualité des emplois et réduisent les inégalités de richesse.

En vertu de la directive européenne sur le salaire minimum, les États membres doivent produire cette année un plan d'action sur la manière dont ils entendent promouvoir les négociations collectives et garantir qu'au moins 80 % de la main-d'œuvre est couverte par des conventions.

La CES appelle également la Commission européenne a utiliser sa révision des directives sur les marchés publics pour s'assurer que seules les entreprises qui respectent les droits de négociation collective sont éligibles pour recevoir des contrats.

Esther Lynch, secrétaire générale de la CES, a déclaré :

"L'écart de rémunération scandaleux entre les PDG et les travailleurs montre qu'il est urgent de rééquilibrer l'économie en augmentant le nombre de travailleurs bénéficiant de salaires négociés collectivement.

"Une rémunération plus équitable stimulerait la compétitivité en contribuant à mettre fin aux pénuries de main-d'œuvre en Europe et garantirait que davantage d'argent retourne dans l'économie au lieu d'être amassé sur des comptes offshore.

"La réduction des inégalités de richesse et l'amélioration de la qualité des emplois constitueraient également la réponse la plus efficace à la menace que l'extrême droite populiste fait peser sur la démocratie. Il suffit de regarder les événements qui se dérouleront à Washington DC la semaine prochaine pour voir les conséquences de la mainmise des entreprises sur notre système politique. 

"C'est pourquoi j'invite les PDG réunis à Davos à cesser d’adopter des allures de philosophes, à poser les petits fours et à rejoindre les syndicats à la table des négociations, dans la tradition européenne du dialogue social.

Notes

Rapport Mercer sur la rémunération des PDG des 100 premières entreprises européennes : https://www.mercer.com/assets/uk/en_gb/shared-assets/local/attachments/board-and-ceo-remuneration-in-europe-november-2024.pdf

Base de données Eurostat (nama_10_fte) pour les salaires des travailleurs : https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/nama_10_fte/default/table?lang=en