Les règles de l’UE exigent des réductions des dépenses de 45 milliards d’euros l’an prochain

Les réductions des dépenses imposées à 14 États membres en 2024 suffiraient à financer 1 millions de postes d’infirmières

Une nouvelle étude de l’Institut syndical européen (ETUI) révèle que les montants que des pays seront contraints de déduire de leurs budgets nationaux l'année prochain pour se conformer aux nouvelles règles d’austérité européennes permettraient de payer plus de 1 millions d’infirmières ou 1,5 million d’enseignants.



Selon la proposition de nouvelles règles économiques de la Commission européenne, les États membres de l’UE dont le déficit budgétaire dépasse les 3% du PIB devront réduire ce déficit d’au moins 1,5% par an.



Cela implique que 14 États membres de l’UE devront réduire leurs dépenses d’un total combiné de minimum 45 milliards d’euros ou lever un montant équivalent par le biais de la fiscalité.



Afin de mettre en lumière les conséquences de ce retour de l’austérité, la CES a calculé le nombre d’infirmières ou d’enseignants qui pourraient être financés si les pays n’étaient pas forcés de réduire leurs dépenses. Les coupures pourraient tout aussi bien toucher d'autres travailleurs essentiels de la santé, de l'éducation et des services publics.

 

  Déficit budgétaire (%) Réduction minimum annuelle exigée (euros) Nombre finançable d’infirmières Nombre finançable d’enseignants
Belgique 5,0 2,7 milliards 37.888 82.500
Tchéquie 3,6 1,3 milliard 54.511 89.597
Estonie 3,1 180 millions 8.909 11.464
Espagne 4,1 6,6 milliards 166.254 Pas disponible
France 4,7 13,2 milliards 371.888 492.327
Italie 4,5 9,5 milliards 326.652 392.878
Lettonie 3,8 195 millions 14.413 20.602
Hongrie 4,0 851 millions 59.312 115.220
Pologne 5,0 3,2 milliards 180.067 405.672
Slovénie 3,7 294 millions 9.100 14.913
Slovaquie 6,1 548 millions 31.106 49.932

*Réductions également exigées de la Bulgarie (423 millions), de Malte (84 millions) et de la Roumanie (1,4 milliard). Pas de données disponibles sur les salaires des infirmières et des enseignants.



Ces chiffres sont dévoilés alors que la CES lance aujourd’hui sa campagne « stop à l’austérité 2.0 » qui inclut une pétition destinée à mettre la pression sur les gouvernements nationaux pour qu’ils invitent la Commission à amender sa proposition.

Lors de son Congrès, qui se tient tous les quatre ans et a lieu cette année à Berlin, la CES plaidera pour des réformes garantissant une économie qui fonctionne pour les gens et la planète. Elle demande :

  • une « règle d’or » en matière d’investissement qui exclut des règles portant sur le déficit les investissements dans les transitions verte et numérique nécessaires pour atteindre les propres objectifs de l’UE ;
  • le maintien des mécanismes européens de solidarité mis en œuvre avec succès durant la pandémie, telle la facilité pour la reprise et la résilience, que la CES estime devoir être rendus permanents pour assurer des conditions de concurrence équitables en matière d’investissement ;
  • l’interdiction de tout financement public pour les entreprises qui éludent l’impôt et l’instauration d’un régime d’imposition des entreprises équitable pouvant financer un niveau minimum d’investissement public dans les budgets nationaux.

De Berlin, la Secrétaire générale de la CES Esther Lynch dira :



« Un retour de l’austérité l’an prochain signifierait davantage de pauvreté, moins d’emplois, des salaires plus bas et des services publics sous-financés affectant l’accès aux soins de santé et à l’éducation. »



« Cela signifierait également que la majorité des États membres devraient réduire leurs dépenses au moment même où l’UE leur demande d’augmenter leurs investissements en faveur de la lutte contre le changement climatique. »



«  Et ce serait faire un cadeau à l’extrême droite à l’approche des élections européennes. »



« Une réforme des règles économiques de l’UE n’a certes que trop tardé mais il faut à présent que l’UE démontre avoir appris de ses échecs passés mais aussi de ses succès depuis que le pacte de stabilité et de croissance a été suspendu en 2019. »



« Aujourd’hui, j’appelle les citoyens partout en Europe à mettre la pression sur leurs gouvernements pour s’opposer à l’austérité 2.0 et soutenir des règles économiques qui donnent priorité aux gens et à la planète. »

 

Notes



Les calculs de la CES sont basés sur les chiffres de l’OCDE relatifs aux salaires des infirmières et des enseignants. Teachers' and school heads' statutory salaries (oecd.org);

Health Care Resources : Remuneration of health professionals (oecd.org)



Les chiffres portant sur le PIB et le déficit proviennent de la Commission européenne. Les chiffres du déficit représentent les pourcentages estimés pour 2023 : AMECO Online - AMECO Online (Current Version 2023-05-15 11:00) | Sheet - Qlik Sense (europa.eu)



Tous les chiffres sont contenus dans ce document.