La CES a pris la mesure inhabituelle de publier sa propre directive sur la transparence des rémunérations pour protester contre le retard pris par la Commission européenne qui devait initialement publier cette législation aujourd'hui - Journée européenne de l'égalité salariale.
La Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a promis des "mesures contraignantes de transparence des rémunérations" dans les 100 premiers jours de son mandat.
Mais 339 jours après l'entrée en fonction de Madame von der Leyen, les femmes attendent toujours la proposition de la Commission pour s'attaquer à l'écart de rémunération de 16 % entre les hommes et les femmes dans l'Union européenne.
Et la Commission a remis en question son engagement à l'égard de cette initiative en la marquant comme "à confirmer" sur son calendrier, sa publication étant reportée au moins jusqu'au 15 décembre.
Pour aider à remettre le processus sur les rails, la CES a chargé des experts en droit du travail européen de rédiger une législation juridiquement solide de laquelle la Commission européenne pourra s'inspirer.
Les 18 articles de 3 000 mots de la proposition de la CES comprennent des mesures visant à :
- Interdire les clauses de secret salarial dans les contrats afin que les travailleurs puissent discuter des salaires
- Exiger la divulgation d'informations sur l'évaluation des emplois afin d'établir une rémunération égale pour un travail de valeur égale
- Obliger tous les employeurs à produire des audits d'information salariale et des plans d'action annuels sur l'égalité salariale
- Soutenir les syndicats dans leurs négociations avec les employeurs pour lutter contre l'écart de rémunération
La publication du modèle de législation intervient un mois après que la CES ait révélé que les femmes de l'UE devront attendre jusqu'en 2104 pour bénéficier de l'égalité de rémunération sans que des mesures soient prises pour accélérer le rythme actuel du changement.
La Secrétaire générale adjointe de la CES, Esther Lynch, a commenté le modèle de législation:
"L'élection de la première femme Présidente de la Commission et sa promesse de transparence salariale ont apporté un réel espoir de changement positif pour les femmes dont le travail a été systématiquement sous-évalué pendant trop longtemps.
"Malheureusement, l'égalité des rémunérations semble être en train de disparaître de l'ordre du jour de la Commission, alors que les femmes constituent la majorité de la main-d'œuvre en première ligne de Covid-19 dans des emplois sous-payés comme les soins et le nettoyage.
"Pour aider la Présidente von der Leyen à tenir sa promesse électorale, les syndicats ont préparé un projet de directive sur la transparence des salaires des femmes que la Commission européenne est libre d'utiliser.
"Nous demandons instamment à la Présidente von der Leyen, à l'occasion de la journée européenne de l'égalité des salaires, de s'engager à nouveau en faveur de la loi sur la transparence des salaires qu'elle a promise, afin que les femmes d'Europe n'aient pas à attendre le siècle prochain pour obtenir l'égalité des salaires".