Les travailleurs auraient pu payer les frais de Noël en conservant une légère marge pour la nouvelle année si les salaires avaient suivi le rythme de la croissance de la productivité enregistrée au cours de ces deux dernières années, selon une étude commandée par la CES.
Les travailleurs européens auraient perçu collectivement 116 milliards d'euros de plus depuis 2019 si les gains de productivité s'étaient traduits par des hausses de salaires proportionnelles, conformément à la logique.
Cela représente en moyenne 649,30 euros de plus pour chaque travailleur, soit davantage que le montant moyen dépensé par les Européens en cadeaux, nourriture, sorties et voyages à Noël (419,48 euros).
Cependant, les augmentations des salaires ont été loin de suivre les gains de productivité en Europe au cours de la décennie écoulée et la tendance se poursuit selon les données les plus récentes. Non seulement les travailleurs ne perçoivent pas la part qui leur revient de la richesse qu'ils contribuent à créer, mais Noël est également plus cher du fait des augmentations de salaires qui ne suivent pas le rythme de l'inflation.
Coût moyen de Noël
Allemagne |
500.24 |
Italie |
555.03 |
Espagne |
562.83 |
Portugal |
388.16 |
Pays-Bas |
351.30 |
Pologne |
381.45 |
Moyenne européenne |
419.48 |
Ces conclusions sont partagées en amont des négociations finales sur le projet de directive européenne relative aux salaires minimums et à la négociation collective, suite au soutien du Parlement européen en faveur d’une action forte pour lutter contre les inégalités salariales croissantes.
La CES demande à la Présidence française de faire le nécessaire pour obtenir les amendements du Parlement européen afin qu'un plus grand nombre de travailleurs puissent négocier collectivement leurs salaires. Il s’agit d’un moyen éprouvé de s'assurer que les travailleurs bénéficient eux aussi des gains de productivité.
Esther Lynch, Secrétaire Générale Adjointe de la CES :
« Des millions de travailleurs peuvent à peine se permettre de se chauffer et encore moins d'acheter des cadeaux pour leurs enfants, même s'ils le souhaitent. La directive européenne sur les salaires est l'occasion de s'assurer que les travailleurs reçoivent enfin la part qui leur revient au cours de la nouvelle année.
« Si les lutins de l’atelier du Père Noël produisent des jouets plus efficacement que l’année précédente, il est juste qu’ils reçoivent leur juste part de cette joie de Noël supplémentaire qu’ils ont contribué à créer.
« Il en va de même pour les travailleurs. L'équité fondamentale et la théorie économique exigent que les salaires augmentent conformément à la productivité. Toutefois, cette règle d'or est violée par des patrons ingrats à travers l'Europe et les travailleurs en paient le prix ce Noël, puisqu’ils se retrouvent 600 euros plus pauvres, alors que les prix augmentent.
« Pour que les gains de productivité futurs débouchent sur une croissance salariale robuste et une prospérité largement partagée, il faut que la directive mette en place des mesures qui stimulent la négociation collective. De plus, il subsiste une importante marge de rattrapage salarial sur la productivité acquise par le passé. »
Notes
Les données relatives au coût de Noël 2019 de Deloitte sont corrigées de l’inflation 2020 et 2021