L’Union européenne doit participer de manière beaucoup plus active à la numérisation de l’économie et de la société européenne, grâce à des initiatives politiques destinées à éviter des pertes d’emploi massives et à assurer la création d’emplois de qualité et de conditions de travail décentes, a déclaré la Confédération européenne des syndicats (CES).
Une résolution, adoptée par les dirigeants syndicaux nationaux et européens réunis hier à Bruxelles, réclame :
- Une directive sur la vie privée au travail;
- Un cadre communautaire sur le crowd-work, destiné à préserver des taux salariaux minimum, le temps de travail, la protection sociale et une fiscalité équitable;
- Une forte augmentation de l’enseignement des compétences et de la formation, y compris la formation professionnelle continue au sein des entreprises et des services;
- Un effort majeur destiné à amener davantage de femmes dans les TIC, les mathématiques, la science, la technologie et l’ingénierie – tant dans les universités que dans les entreprises;
- Des mesures destinées à éviter que la numérisation ne crée que quelques gagnants et de nombreux perdants, et contribue à accroître l’inégalité en matière de richesse.
“La numérisation est un défi existentiel pour les travailleurs et le mouvement syndical” a déclaré Peter Scherrer, Secrétaire général adjoint de la CES. “Elle ne peut être simplement laissée à la merci du marché, mais doit être modelée par l’UE, les autorités nationales et régionales, et les employeurs dans le cadre de la négociation et de la collaboration avec les syndicats. L’Europe doit saisir l’occasion, mais sans négliger les risques.”
“La Commission européenne a tardé à prendre des mesures en matière de numérisation, et je trouve inquiétant qu’elle ne semble pas être préoccupée par des pertes d’emploi potentiellement massives, ou à parler de la nécessité d’assurer la transition vers le travail numérique équitable et de bonne qualité.”
La résolution note que la numérisation pourrait :
- apporter un grand nombre de nouveaux emplois et stimuler la relance économique; permettre de se libérer des tâches dangereuses, monotones et répétitives; et assurer un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle;
- supprimer de nombreux emplois, conduire à un travail instable et précaire, et à une perte de vie privée et de contrôle sur les données personnelles.
Une grande conférence, consacrée à la numérisation, intitulée « Façonner le nouveau monde du travail » et organisée par la CES et l’ETUI, se tiendra à Bruxelles, du 27 au 29 juin avec pour orateurs Jeremy Rifkin, les Commissaires Thyssen et Oettinger et de nombreux autres intervenants. Pour de plus amples informations, voir http://www.etui.org/fr/Evenements/Faconner-le-nouveau-monde-du-travail.-Les-impacts-de-la-digitalisation-et-de-la-robotisation