Pour résoudre la crise du logement en Europe, il faut des investissements publics et des salaires qui reflètent les coûts du logement.

La Confédération européenne des syndicats (CES) salue les propositions de la Commission européenne en faveur d'un plan européen pour le logement abordable, qui reconnaissent à juste titre que la crise du logement en Europe est devenue une réalité quotidienne pour les travailleurs.

L'escalade des coûts du logement sape le niveau de vie, affaiblit la stabilité économique et restreint l'accès à l'emploi dans toute l'UE. Pour des millions de travailleurs, les loyers et les remboursements de prêts hypothécaires absorbent désormais une part de plus en plus importante des chèques de paie, ce qui intensifie la crise du coût de la vie et comprime la demande intérieure.

Les logements inabordables exacerbent également les pénuries de main-d'œuvre. Les travailleurs sont de plus en plus incapables de s'installer là où des emplois sont disponibles parce que le coût du logement est tout simplement prohibitif, ce qui constitue un obstacle majeur pour les employeurs et les économies locales.

La crise du logement est indissociable de la question des bas salaires. L'adéquation des salaires minimums légaux doit prendre en compte le coût réel de la vie, y compris le coût du logement, afin de garantir que le travail offre un niveau de vie décent. Si les salaires ne reflètent pas les dépenses réelles de logement, même les travailleurs à temps plein continueront d'être privés d'un logement décent dans de nombreuses régions d'Europe.

Pour résoudre la crise du logement, il faut augmenter considérablement les investissements publics dans les logements sociaux et abordables. La révision des règles de l'UE en matière d'aides d'État peut contribuer à débloquer ces investissements, mais l'argent public doit être utilisé à bon escient.

Tout financement du contribuable destiné à des entreprises privées doit être assorti de conditions claires, contraignantes et applicables afin de garantir des emplois de qualité, des négociations collectives, des salaires équitables et des conditions de travail sûres. Les règles de santé et de sécurité au travail doivent être une exigence non négociable pour l'accès aux fonds publics.

La CES met fermement en garde contre toute tentative d'affaiblir les normes du travail sous couvert de "simplification". Les conventions collectives et les protections en matière de santé et de sécurité ne sont pas de la paperasserie, ce sont des droits fondamentaux et ils sont essentiels pour garantir que l'investissement public apporte des avantages sociaux et économiques durables.

La Commission a également raison de souligner le rôle préjudiciable de l'investissement spéculatif dans le logement, qui a fait grimper les prix bien au-delà de la portée des familles de travailleurs. Il faut maintenant prendre des mesures énergiques pour freiner la spéculation et limiter les locations à court terme, qui détournent des travailleurs des logements dont ils ont tant besoin et vident les communautés locales de leur substance.

Esther Lynch, secrétaire générale de la CES, a déclaré :

"Les travailleurs paient chaque mois le prix de la crise du logement en Europe, alors que les coûts du logement engloutissent les salaires et poussent les familles au bord du gouffre, tandis que les employeurs peinent à pourvoir les emplois parce que les travailleurs n'ont pas les moyens de vivre là où se trouve le travail.

"La Commission a raison de souligner le rôle de la spéculation et de la perte de logements au profit de la location à court terme, qui vide les communautés et prive les travailleurs des endroits où l'on a le plus besoin d'eux.

"L'investissement public est essentiel pour remédier à cet échec, mais l'argent public doit être assorti de conditions. L'argent des contribuables doit renforcer les négociations collectives, garantir des normes strictes en matière de santé et de sécurité et soutenir des emplois de qualité - et non subventionner l'insécurité ou les bas salaires.

"La révision des règles relatives aux aides d'État est importante, mais elle n'est pas suffisante en soi. Il est urgent de suspendre et de réviser les règles de gouvernance économique de l'UE afin que les gouvernements puissent investir à l'échelle nécessaire pour relever les défis auxquels sont confrontés les travailleurs.

Tom Deleu, secrétaire général de la Fédération européenne des travailleurs du bâtiment et du bois (FETBB), a déclaré :

"Les travailleurs du bâtiment - ceux-là même qui construisent nos maisons et qui sont essentiels pour tenir les promesses de logements plus abordables - doivent eux-mêmes avoir le droit de vivre dans un logement décent.

"Nous saluons cette initiative. Cependant, nous avertissons qu'aujourd'hui le secteur de la construction n'est pas prêt à relever les défis en raison de son niveau élevé de fragmentation et de ses chaînes de sous-traitance longues et complexes.

"Le secteur est également confronté à d'importantes pénuries de main-d'œuvre. Pour réussir, tout plan doit viser à accroître l'attractivité du secteur, notamment en améliorant les conditions de travail, les salaires et la protection sociale.

"Le plan pour le logement doit comporter une stratégie d'investissement qui favorise les modèles d'entreprise fondés sur l'innovation et les compétences, et qui offre des emplois directs et de qualité couverts par des conventions collectives, où les employeurs investissent dans leur main-d'œuvre. Nous insistons pour que toute future loi sur les services de construction prenne en compte les besoins réels du secteur et contribue aux objectifs du paquet sur la mobilité équitable de la main-d'œuvre et de la loi sur les emplois de qualité. Les travailleurs de la construction n'accepteront rien de moins.