Selon les leaders syndicaux américain et européen, les négociateurs du TTIP font fausse route

Lors d’une rencontre à Washington hier, Richard Trumka, Président de la Fédération américaine du travail-Congrès des organisations industrielles (AFL-CIO), et Luca Visentini, Secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), ont tous deux souligné que, selon les informations disponibles, les négociations actuelles relatives au Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) sont sur la mauvaise voie. Si aucun changement de cap n’intervient, le TTIP ne parviendra pas à l’accord centré sur les citoyens et sur la planète tellement nécessaire pour répondre aux aspirations des travailleurs de l’Union européenne et des États-Unis.

Dans une déclaration commune, ils ont affirmé : « Nous n’avons cessé de dire que l’accord ne peut inclure de système de justice privé pour les investisseurs étrangers ni d’obstacles supranationaux empêchant de légiférer dans l’intérêt général. Nous avons demandé des protections étendues, précises et exécutoires des droits du travail, des services publics et de l’environnement. »

Ils ont ajouté que « le système juridictionnel des investissements récemment proposé par l’Union européenne, bien qu’en progrès par rapport au mécanisme discrédité de règlement des différends entre investisseurs et États soutenu par les États-Unis, reste extrêmement problématique et n’est en réalité nécessaire dans aucun accord transatlantique de commerce et d’investissement. Des flux d’investissement massifs existent dans les deux sens depuis des décennies sans aucune de ces dispositions discriminatoires qui sont et restent inutiles. Les investisseurs doivent agir de façon responsable et respecter les directives internationales telles que celles définies par l’OCDE et les Nations unies. L’AFL-CIO et la CES renforceront encore leur coopération pour que les entreprises multinationales rendent compte de leurs actes. »

Trumka et Visentini ont également fait valoir que « les droits du travail, basés sur les conventions internationales de l’Organisation internationale du travail, sont indivisibles et doivent être respectés à tous les niveaux et dans tous les pays et que le fait de les enfreindre entraîne des conséquences économiques. »

Et de conclure : « Sur ces questions, comme sur d’autres, nous ne voyons pas nos négociateurs progresser vers cet accord du 21ème siècle qui nous a été promis mais plutôt s’engager vers un autre de ces bons vieux accords de commerce « maison ». La transparence que nous avions réclamée est restée lettre morte. Non seulement aucun projet de textes consolidés n’a été communiqué mais les États-Unis n’ont même pas publié leurs propres propositions. »