Bruxelles, 13/03/2008
Au cours de la décennie écoulée, la dimension sociale a été mise au rencart. L'image globale est celle d'une activité limitée, avec l'impression croissante que l'Europe sociale est en quelque sorte à l'arrêt.
John Monks, le Secrétaire général de la CES, a déclaré: « Nous estimons que l'Europe sociale bat en retraite et il ne faudrait pas s'étonner que les voix appelant au protectionnisme deviennent plus stridentes. Le soutien au marché unique dépend du soutien en faveur de l'Europe sociale. Telle est la situation – et actuellement elle ne nous est pas favorable ».
D'autres questions importantes ont été abordées:
- Deux actions juridiques ont été intentées devant la Cour de Justice européenne dans lesquelles le marché unique a prévalu sur les droits fondamentaux de négociation et de grève. Ces cas – Laval et Viking – concernent particulièrement la Suède et le Danemark et les syndicats devront y faire face dans ces pays. Il en résultera plus de rigidité et de légalisme, ce qui ne contribuera pas à la flexicurité. Mais leur impact est plus large. Compte tenu de l'intégration croissante de l'Europe et de l'amplification de la migration transfrontalière des personnes et des entreprises, la CES estime qu'aujourd'hui un syndicat ne peut pas faire grève légalement pour essayer d'obtenir que des travailleurs migrants employés par une entreprise migrante reçoivent le même salaire pour un travail de même valeur dans le pays d'accueil – à moins peut-être qu'une loi ne spécifie que les accords sont généralement applicables.
- D'après ce qu'a compris la CES, les lignes directrices de la stratégie de Lisbonne devraient avoir un plus grand contenu social, comme le proposait la Commission. Certains Etats membres ont rejeté cette proposition, ce que les syndicats européens regrettent. La qualité de l'emploi et la lutte contre le travail précaire devraient être au coeur de la nouvelle Stratégie européenne pour l'emploi.
- L'Europe sociale et les partenaires sociaux doivent participer à la lutte contre les émissions de carbone et planifier les conséquences pour l'emploi et les conséquences sociales. Il ne sera pas facile d'atteindre les objectifs et de minimiser les conséquences mais nous devons essayer de le faire de manière déterminée.
L'Europe sociale n'est pas une option mais une nécessité. Les droits fondamentaux ne sont pas des droits de deuxième catégorie, inféodés au marché. Les dirigeants européens doivent garder ces considérations à l'esprit lorsqu'ils se rencontreront au terme de cette semaine et à tout moment dans l'avenir. L'UE doit progresser sur les travailleurs intérimaires, le temps de travail et les comités d'entreprise européens et elle doit accorder à nos droits fondamentaux l'attention qu'ils méritent.