Le gouvernement du Président turc Erdogan a récemment licencié 10.131 fonctionnaires de plus, ce qui porte à plus de 100.000 le nombre d’agents des services publics renvoyés ou suspendus depuis le coup d’état militaire manqué du 15 juillet. Les licenciements, qui concernent 35 ministères et agences gouvernementales différents, touchent principalement les départements de la santé, de l’éducation et de la justice. Ne reposant pas sur des critères objectifs, les nouveaux recrutements peuvent se révéler arbitraires dans les institutions de l’éducation qui sont celles où ont eu lieu la plupart des licenciements à ce jour. Les personnes licenciées sont exclues de tout emploi futur dans le secteur public.
Les renvois sont liés à l’annonce de deux nouveaux décrets pris en application de dispositions relevant de l’état d’urgence adoptées par le Conseil des ministres après la tentative de coup d’état. Un total de dix décrets ont maintenant été votés dont plusieurs ont des effets permanents sur la politique, l’économie et la société du pays. Les autorités ont également bloqué les sites de médias sociaux et les connexions internet entre réseaux privés virtuels. La semaine dernière, elles ont également placé en détention 11 membres du parti d’opposition HDP après avoir déjà levé l’immunité de plus de 130 membres démocratiquement élus du Parlement en mai de cette année. Le HDP a annoncé la suspension de son travail parlementaire. 15 autres médias ont été fermés par les autorités et près de 100 journalistes sont maintenant en prison.
Sharan Burrow, Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI), a déclaré : « La démocratie est en passe de devenir une totale imposture en Turquie avec un gouvernement qui s’attaque aux libertés fondamentales d’expression, d’association et de réunion et qui en vient à arrêter des parlementaires en exercice. Le Président Erdogan prend une nouvelle fois prétexte des actions de quelques personnes peu recommandables qui ont échoué à se saisir du pouvoir par la force pour éliminer les plus importants piliers de la démocratie. La CSI a déjà attiré l’attention sur le risque de voir la Turquie sombrer dans la dictature alors que de simples travailleurs sont punis sur la seule base de leur appartenance ethnique ou à cause de leurs opinions politiques. »
Lors d’une réunion extraordinaire du Comité exécutif de la Confédération européenne des syndicats (CES) qui a fait part de ses graves inquiétudes au Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le Secrétaire général de la CES Luca Visentini a pour sa part soutenu que « La Turquie doit respecter les valeurs démocratiques et les libertés syndicales définies dans les conventions de l’OIT et dans les chartes internationales et européennes et doit faire régner l’état de droit. Nous condamnons la tentative de coup d’état mais nous ne pouvons admettre que les moyens d’existence de milliers de travailleurs et de leurs familles soient détruits, dans la plupart des cas sans aucune preuve de délit. »