"Europe sociale, l'heure de vérité" - Conférence à mi-mandat de la CES - Discours de clôture de Bernadette Ségol, Secrétaire générale de la CES

Dublin, 06/06/2013

Cher(e)s ami(e) s,

Pendant ces deux jours, nous avons soulevé beaucoup de questions; nous avons soulevé des questions syndicales ; nous avons soulevé des questions institutionnelles. Nous l’avons fait de façon parfois très émotionnelle comme cette après-midi. Et je pense que c’est une bonne chose parce que les questions que nous soulevons sont des questions qui touchent les gens, qui touchent les travailleurs dont nous sommes responsables. La solution à ces questions n’est évidemment pas uniquement émotionnelle.

Je pense que la plus grave et la plus difficile de ces questions peut être résumée de façon assez simple: l'intégration financière et économique de l'Europe est un fait, elle n’est pas terminée mais c’est un fait. Cette intégration a des liens intrinsèques avec les conditions de vie et de travail des travailleurs et des travailleuses que nous représentons.

Pour nous, syndicats européens, un certain nombre de questions se posent qui sont similaires à celles qui se posaient et qui se posent toujours au niveau national. Nous avons un nouveau niveau de syndicalisme auquel nous devons nous confronter. C’est une question évidemment redoutable parce que si nous ne prenons pas cette urgence du syndicalisme européen en jeu, je pense que dans quelques années nous risquons, et c’est un danger, d’être marginalisés.

Alors, nous allons continuer à être confrontés aux questions qui ont été posées. La question des minima sociaux n’est pas résolue par un débat mais le débat a avancé parce que je crois que le débat ne peut avancer que si nous comprenons mieux les demandes et les limitations réciproques.

Je pense que le débat sur la solidarité aussi a avancé. Je pense que le débat sur la possible délégation de pouvoirs pour la CES également a avancé.

Nous n’avons pas fini de traiter des questions de mobilisations européennes et de la manière de le faire. Mobilisations syndicales mais aussi mobilisations d’ordre politique.

Pour nous, il y a quand même une conclusion qui est très claire. Le chômage qui est en augmentation depuis maintenant plusieurs années est intenable, et notre priorité c’est l’emploi et un emploi de qualité.

Nous pouvons conclure qu’il nous faut, pour combattre ce chômage, un programme d'investissement européen, qui coordonne, soutienne, promeuve des programmes d'investissement au niveau national.

L'emploi des jeunes, dont nous faisons aussi une de nos clefs de voûte, dépend de cela également...

Nous avons dans notre position sur la dimension sociale identifié quatre priorités: il faut arrêter l’austérité; promouvoir l'investissement, mettre fin au dumping social et promouvoir le dialogue social.

Pour sortir du cercle infernal, récession, chômage, démantèlement du modèle social, il faut directement lier la question de l'emploi à un programme de relance de l'économie et en faire la priorité des priorités.

Nous étudierons la possibilité concrète, pratique de lancer une initiative européenne sur ce sujet. Et nous aurons une première approche lors du Comité de direction de septembre et plus tard au Comité exécutif du mois d’octobre. Nous verrons alors ensemble comment nous pouvons réunir les conditions d’un succès.

Nous devons aussi avoir une plateforme syndicale commune à présenter aux candidats et candidates au Parlement européen. Cela sera sur la table de l'exécutif du mois d'octobre mais il ne s’agit pas là d’un exercice très difficile pour nous. Car nous avons le contrat social, nous avons la position sur la dimension sociale. Il s’agira d’identifier au maximum 10 points qui seront notre plateforme commune avant les élections du Parlement européen l’année prochaine. Dans cette plateforme, pas de jargon, mais des mots simples, qui s’adressent aux travailleurs et aux citoyens, et qui leur fassent bien comprendre où nous sommes et pourquoi nous nous battons.

La question du rôle, de la fonction de la CES et de l'étendue de ses responsabilités n’est pas une question nouvelle. Nous avons eu très souvent ce genre de discussions. C’est bien de les avoir et de continuer de les avoir. Nous n'avons rien à conclure ici mais cela sera sûrement une discussion pour le prochain congrès.

Et c’est ici que je veux en venir à notre message pour le Conseil de juin, message simple et clair à tous les chefs d’état et de gouvernement qui se réuniront à la fin du mois de juin.

La crise s'accentue dans l'Union européenne: la récession économique empire, le chômage s'accroît et touche plus particulièrement les jeunes, le modèle social européen est affaibli, la pauvreté, les inégalités et les exclusions sociales augmentent.

Le conseil européen doit fondamentalement réorienter les politiques pour affronter cette crise. Tout cela exige que des ressources adéquates soient réunies pour relancer l’activité économique et l’emploi mais tout cela passe aussi par une relance du dialogue social.

C'est pour cela qu’en cette fin de conférence je voudrais que vous preniez ces recommandations avec vous mais aussi ce court message que vous pouvez diffuser dans vos syndicats, à vos membres, dire:

CONSTRUIRE L’EUROPE SOCIALE / BUILD SOCIAL EUROPE
INVEST FOR GOOD JOBS / INVESTIR POUR DES EMPLOIS DE QUALITE.

C’est le message court, bref, simple de cette conférence que vous pouvez transmettre via vos media, à vos journaux nationaux et syndicaux. Et nous devons donner à ce message la visibilité et le transformer bien sûr en réalité.

J'ai maintenant le plaisir de terminer sur une annonce concernant le prochain congrès de la CES. J'ai le plaisir de vous dire que l'ensemble des membres affiliés français de la CES seraient heureux, même honorés de recevoir le congrès de la CES en 2015. Je ne peux pas vous dire où ou quand, mais je peux vous dire qu’ensemble, ils sont déjà à la recherche de la meilleure date et du meilleur lieu possible.

Je pense que c’est une très bonne nouvelle d’avoir cette cohésion et cette vision pour préparer ces deux prochaines années.

Et, pour finir, je voudrais remercier de tout cœur tous mes collègues de la CES, l’ICTU, David, son Secrétaire général, qui a toujours été à nos côtés, tout son Comité exécutif, et tous ses collaborateurs et collaboratrices qui nous ont aidés avec une gentillesse et une efficacité exemplaires.

Le défi pour les français aujourd’hui est de nous assurer que le temps en France sera aussi beau qu’il ne l’a été à Dublin.

Je vous demande d’applaudir les syndicats irlandais pour les encourager, leur dire nos remerciements et en même temps applaudir et remercier les interprètes qui nous ont aidés pendant cette journée et demi.

Merci à vous tous, bon retour, à bientôt.

03.07.2013
Discours