Cruel été pour 38 millions de travailleurs privés de vacances

Une étude de la Confédération européenne des syndicats (CES) révèle que, en Europe, plus de 38 millions de personnes, bien qu’elles travaillent, ne peuvent s’offrir une semaine de vacances.

La crise du coût de la vie accentue la pression sur les travailleurs dont un nombre croissant font état de leurs difficultés à joindre les deux bouts, ce qui éloigne plus encore la possibilité de vacances.

La part de la population qui ne peut se permettre de vacances a augmenté dans plus de la moitié des États membres depuis 2019 et même la part de travailleurs dans cette situation a augmenté dans 11 pays.

Roumanie, Grèce et Lituanie sont les pays ayant le plus grand nombre de travailleurs qui ne peuvent partir pour une semaine. L’Italie (8 millions), l’Espagne (4,6m) et la France (4,1m) sont les pays avec le plus grand nombre de travailleurs qui doivent se passer de vacances pour des raisons financières.

Cela coïncide avec une augmentation de la part des profits des entreprises européennes et signifie que les dirigeants et les actionnaires ont engrangé plus d’argent entre eux au détriment des travailleurs.

 

Pays où la part des travailleurs qui ne peuvent s’offrir de vacances a augmenté :

Pays

2019 %

2020 %

Nombre total estimé pour 2020

Bulgarie

22,4

27,2

839.732

Danemark

6,4

7,5

191.654

Grèce

41,3

43,4

1.629.245

Espagne

24,3

25,0

4.601.587

Finlande

6,5

7,7

176.986

Croatie

39,5

39,7

613.049

Lituanie

28,6

41,0

373.660

Luxembourg

7,7

7,9

21.702

Lettonie

19,4

21,2

178.163

Malte

25,3

26,7

65.324

Roumanie

45,7

47,0

3.925.812

Ces chiffres ressortent d’une analyse des « microdonnées » d’Eurostat, non publiquement disponibles, menée par l’Institut syndical européen (ETUI), le centre de recherche indépendant de la CES. Le nombre total de travailleurs qui ne peuvent se permettre de vacances a été calculé par l’ETUI sur base des pourcentages fournis par Eurostat.

Il est très probable que le nombre de personnes en situation de pauvreté dans ce domaine croisse encore en raison de la crise du coût de la vie et de l’inflation, ce qui souligne la nécessité d’une augmentation salariale décente cet été pour les travailleurs dans l’ensemble de l’UE.

La CES plaide pour des mesures urgentes pour répondre à l’urgence salariale en Europe. L’UE et les gouvernements nationaux doivent aussi soutenir les travailleurs en déployant les moyens nécessaires pour atténuer l’impact de la crise des prix de l’énergie et des aliments et soutenir les revenus.

Réagissant aux résultats de l’analyse, la Secrétaire générale adjointe de la CES Esther Lynch a déclaré :

« Nous sommes bien en été mais la vie n’est certainement pas facile pour des millions de travailleurs qui ne peuvent s’offrir de vacances en famille malgré qu’ils aient travaillé dur semaine après semaine. »

« Les vacances ne devraient pas être un luxe. Au contraire, elles ont un rôle important à jouer en matière de santé et de bien-être des travailleurs. Malgré cela, les vacances semblent plus éloignées que jamais pour de nombreuses personnes confrontées à la crise du coût de la vie et qui doivent déjà lutter pour mettre à manger sur la table et payer leur loyer. »

« Pendant ce temps, la vie est belle pour les patrons qui ont profité de la pandémie pour empocher une part encore plus importante des profits générés par leurs travailleurs. L’accroissement des inégalités en matière de vacances démontre que l’économie européenne ne fonctionne pas pour les classes laborieuses. »

« Il est de la responsabilité de l’UE et des gouvernements nationaux de protéger et de renforcer la négociation collective comme étant le meilleur moyen d’assurer que les travailleurs reçoivent leur juste part et puissent se permettre de profiter de la vie plutôt que simplement survivre.

« Sans une augmentation salariale équitable, les employeurs et les politiciens reviendront de leurs propres vacances d’été pour faire face à un automne de colère suivi d’un hiver de mécontentement. »

 

Notes

Tableau 1 : Part de la population totale et des travailleurs dans tous les pays qui ne peuvent s’offrir de vacances : https://www.etuc.org/sites/default/files/press-release/file/2022-07/afford_holiday.xlsx

La colonne E du tableau 1 montre la part des travailleurs qui ne peuvent se permettre de vacances. Par exemple, en Autriche, le nombre 0,073136317 signifie que 7,3% des travailleurs autrichiens n’ont pas les moyens de s’offrir des vacances.

Tableau 2 : Nombre estimé de travailleurs dans tous les pays qui ne peuvent s’offrir de vacances : https://www.etuc.org/sites/default/files/press-release/file/2022-07/holiday_lastyear.xlsx

La colonne E du tableau 2 indique le nombre estimé de travailleurs qui n’ont pas les moyens de s’offrir des vacances sur base des pourcentages repris dans le tableau 1. En Autriche, une part de 7,3% signifie que 283.903 travailleurs ne peuvent se permettre de vacances.

Les microdonnées d’Eurostat ont été utilisées pour estimer la part de la population totale (18-65 ans) qui travaille mais ne peut se permettre des vacances pondérée en fonction des valeurs transversales fournies par ces microdonnées. Les chiffres ont ensuite été multipliés par la part de la population âgée de 18 à 65 ans en 2019 publiée par Eurostat et disponible sur son portail (demo_pjan). Il s’agit d’une estimation du nombre total de personnes qui travaillent mais ne peuvent se permettre de prendre une semaine de vacances (et pas si elles en prennent une).

 

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18.07.2022
Communiqué de presse