Soutien d’eurodéputés à la manifestation syndicale pour le renforcement de la directive sur la transparence salariale

D’influents membres du Parlement européen se sont engagés aujourd’hui à améliorer la directive sur la transparence des rémunérations lors d’une manifestation en faveur de l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes organisée par le mouvement syndical devant le Parlement européen.

Evelyn Regner, rapporteur fictif et Présidente de la Commission pour les droits des femmes et l’égalité des genres, a symboliquement lancé l’engagement de la CES « L’égalité des salaires a besoin des syndicats » en faveur du droit des travailleurs à négocier collectivement pour l’égalité salariale à travers leurs syndicats. La rapporteur Kira Peter-Hansen et le rapporteur fictif Marc Angel se sont engagés par vidéo interposée à soutenir l’initiative.

Cette manifestation de la CES, qui avait pour but d’insister sur l’important rôle des syndicats pour combler l’écart de rémunération de 14% entre les femmes et les hommes existant encore en Europe, a donné lieu à une mobilisation éclair dansante avec une participation virtuelle dans d’autres capitales européennes ainsi qu’une performance artistique illustrant la lutte de travailleurs essentiels, tels que les soignants et le personnel d’entretien, pour parvenir à l’égalité salariale.

 

Photos et vidéos sont disponibles sur : https://www.flickr.com/photos/etuc-ces/albums/72157719478859130 et https://www.youtube.com/user/etucces

 

La manifestation a été initiée en préalable aux débats du Parlement européen relatifs à la proposition de directive sur la transparence salariale publiée en mars par la Commission européenne. Cette proposition inclut de bons principes mais dressent également plusieurs obstacles que les travailleuses devront franchir avant de parvenir à l’égalité salariale qu’elles méritent et à laquelle elles ont droit.

Les problèmes de la proposition actuelle portent notamment sur :

  • Les références faites dans toute la directive aux « représentants des travailleurs » plutôt qu’aux syndicats, ce qui pourrait ouvrir la porte à des syndicats fictifs créés par les patrons, voire à des « représentants des travailleurs » qu’ils auraient eux-mêmes choisis.
  • Les audits salariaux et plans d’action réservés aux seules organisations comptant plus de 250 employés.
  • La possibilité donnée aux employeurs de définir quels emplois peuvent être comparés lorsqu’il s’agit d’appliquer le principe du salaire égal pour un travail de même valeur.
  • Les mesures imposant la confidentialité et portant atteinte à la liberté des travailleurs de comparer leurs salaires.

Après le rôle clé qu’ils ont joué pour inciter la Commission à présenter la directive, les syndicats auront également un rôle déterminant pour faire en sorte que la législation en matière d’égalité salariale devienne réalité sur les lieux de travail à travers la négociation salariale.

La déclaration signée aujourd’hui par les eurodéputés stipule : « Je m’engage à faire usage de mon mandat en tant que membre du Parlement européen afin de garantir que tous les travailleurs puissent adhérer à un syndicat et négocier pour l’égalité salariale et que les employeurs auront l’obligation de respecter ce droit fondamental ».

La CES continuera à recueillir des signatures auprès des eurodéputés avant les débats parlementaires sur la directive. Sans les outils nécessaires pour imposer l’égalité salariale en Europe, les tendances actuelles en la matière montrent que les femmes devront attendre la fin du siècle prochain avant que l’écart salarial entre les femmes et les hommes soit comblé.

La Secrétaire générale adjointe de la CES Esther Lynch a déclaré à ce propos :

« La crise du Covid a rendu plus claire que jamais la sous-évaluation des emplois majoritairement occupés par des femmes. Les soignants et les agents d’entretien sont des travailleurs essentiels mais ils vivent trop souvent dans la pauvreté en raison de l’écart salarial entre les femmes et les hommes. »

« La directive européenne sur la transparence salariale telle qu’elle se présente met en lumière les inégalités de rémunération mais ne propose que peu de mesures pratiques pour y mettre fin. Nous manifestons aujourd’hui pour demander aux eurodéputés de rendre cette législation plus incisive. »

« Le meilleur moyen de parvenir à des résultats concrets sur le lieu de travail serait d’encourager les femmes à s’impliquer dans leurs syndicats et à participer à la négociation collective pour l’égalité salariale. Nous nous réjouissons du soutien apporté par plusieurs eurodéputés aguerris et nous attendons avec impatience de voir les réelles améliorations que le Parlement européen apportera à la directive. »

Citations de quelques eurodéputés :

L’eurodéputée Kira Marie Peter-Hansen : « Tout travailleur doit avoir le droit d’adhérer à un syndicat et de négocier pour l’égalité de rémunération et les employeurs doivent respecter ce droit. C’est la raison pour laquelle je signe la déclaration de la CES « L’égalité des salaires a besoin des syndicats » aujourd’hui. »

L’eurodéputée Evelyn Regner : « Tout le monde a droit à l’égalité salariale et à être représenté par un syndicat. Comme nous avons pu le constater les deux vont de pair : là où les syndicats sont forts, les conditions de travail et de rémunération sont meilleures et plus égales. Il est aujourd’hui particulièrement important, alors qu’elles ont été nos héroïnes durant la pandémie, mais aussi les premières à perdre leur emploi, de soutenir les femmes et leurs syndicats en adoptant une directive robuste sur la transparence des rémunérations entre les femmes et les hommes. »

L’eurodéputé Marc Angel : « La portée de la proposition actuelle de directive sur la transparence salariale est trop étroite et risque d’exclure environ 67% de tous les travailleurs de l’UE de son champ d’application. Je m’inquiète également de ce que le texte actuel ne fait pas référence à la discrimination de genre et intersectionnelle ce qui pourrait ne pas garantir l’égalité de traitement pour tous les travailleurs. C’est inacceptable. La directive sur la transparence des rémunérations doit s’appliquer à tous les travailleurs sans exceptions. »

L’eurodéputée Gaby Bischoff : « Je salue la directive relative à la transparence des salaires comme un pas dans la bonne direction puisque les employeurs devront faire la lumière sur les salaires et les salaires moyens et auront davantage d’obligations envers leurs employés. Cependant, ces avancées importantes pour les syndicats pourraient n’être qu’illusoires parce que la directive inclut une échappatoire : Nulle part dans la directive il n’est fait référence aux syndicats lorsqu’il s’agit de représentation des travailleurs ce qui, potentiellement, permettrait aux employeurs de contourner les syndicats en choisissant d’autres organes représentatifs. Dans mon rôle d’eurodéputé, je ferai en sorte que cette lacune soit comblée et que les femmes puissent se tourner vers des représentants syndicaux indépendants lorsqu’elles font valoir leur droit à l’égalité salariale. »